Brest : les Laboratoires Boiron misent sur le bien être au travail

Réduire son temps de travail pour préparer sa retraite, créer une entreprise, écrire un livre ou participer à un projet humanitaire: depuis plus de 30 ans, les Laboratoires Boiron sont à la pointe d'un management social qui semble porter ses fruits.

Nathalie Appéré, 52 ans, travaille depuis 30 ans dans l'établissement de Brest du groupe lyonnais, numéro un mondial de l'homéopathie. Elle est responsable du service chargé des relations avec les clients. "Ca fait quatre ans que je suis à temps partiel choisi. J'ai un après-midi par semaine. C'est bien agréable. Autrement, je n'aurais pas été dans de bonnes conditions pour travailler", explique à l'AFP cette femme au visage poupon.

Nathalie a fait ce choix en apprenant qu'elle souffrait d'un cancer

"J'ai conscience d'être privilégiée de travailler ici", dit-elle. Lunettes et cheveux courts comme sa collègue, Joëlle Kervella, 60 ans dont 16 chez Boiron, se prépare à partir en retraite en 2018. Pour cela, depuis deux ans, elle a progressivement réduit son temps de travail, sans perte de salaire. Disposant de plus de temps, elle peut s'adonner à son activité de prédilection, le longe-côte. Elle se sent en forme et n'est pas angoissée à l'idée de se retirer de la vie active. "Mes amies sont surprises parce que ça ne se fait pas dans toutes les entreprises", assure-t-elle. Assistant de direction, Denis Bourdonnay, 49 ans, a perdu sa femme fin 2015 des suites d'un cancer. Il a bénéficié sur 18 mois de 105 heures, à répartir à sa guise, pour pouvoir passer plus de temps avec elle, là aussi sans perte de salaire. "C'est une chance énorme d'avoir pu bénéficier de cet accord", dit-il.


Epanouissement dans l'entreprise = efficacité

"La performance économique et la performance sociale vont de pair. Et c'est quand un salarié est bien dans sa peau - avec un bon horaire correspondant à ses contraintes familiales - que, quand il est au travail, il l'est pleinement", avance Lydia Villefeu, directrice de cet établissement qui emploie une trentaine de personnes, pour la plupart des femmes. Les Laboratoires Boiron ont mis en place depuis plus de trente ans une trentaine d'accords pour "favoriser l'épanouissement des salariés au sein et en dehors de l'entreprise". Parmi ceux-ci, outre celui sur la retraite et sa préparation ou celui prévoyant un soutien aux salariés ayant un parent malade, trois proposent une aide aux projets personnels. Depuis 1987, près de 200 salariés ont bénéficié d'une telle aide --financée par un budget spécial, autonome de celui du comité d'entreprise-- pour un coût
total de 500.000 euros.  

Ici, on peut oser exprimer un rêve à son patron


C'est ce qu'assure Lydia Villefeu, mentionnant parmi les projets aidés la participation à un convoi humanitaire au Vietnam ou à une expédition polaire, l'adoption d'un enfant, l'écriture d'un livre ou la reprise d'études. "Pourquoi me bagarrer quand ce n'est pas nécessaire?" résume Christian Boiron, directeur général du groupe et à l'origine de ces accords sociaux, à une époque où cela était particulièrement avant-gardiste.

Je ne veux pas le bonheur des gens, je veux l'efficacité de l'entreprise et il se trouve que c'est souvent en allant dans le sens du bonheur des gens que j'optimise l'efficacité de l'entreprise


Le patron est très pragmatique. En 2015, la firme familiale, qui emploie 3.700 personnes, a réalisé un chiffre d'affaires de 607,8 millions d'euros et un bénéfice net de 73,9 millions. Son taux de rotation a été de 4%, pour une ancienneté de 18 ans.

"Les bonnes organisations du travail sont celles où les salariés vont bien, sont respectés et ont prise sur leur travail", juge la sociologue Dominique Méda, pour qui "malgré le discours ambiant sur la nécessité de travailler plus et de moins payer les heures supplémentaires, de nombreuses entreprises vont dans ce sens sans nécessairement le clamer sur les toits".
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