La Chambre régionale des comptes a publié un rapport sur Diwan, le réseau des écoles bretonnes bilingues par immersion. Rien d'alarmiste mais le compte rendu pointe un manque de vision à long terme du à une fragilité juridique. Un constat qui n'étonne pas les responsables de Diwan.
"C’est une sorte d’audit extérieur assez large, ça nous permet d’avancer." Yann Uguen, le président de l'association Diwan reste serein lorsqu'on évoque le nouveau rapport de la Chambre régionale des comptes sur son réseau d'écoles bretonnes bilingues par immersion. Le financement, la vision trop court-termiste ou encore le statut juridique, autant de points à améliorer, selon le rapport.
LIRE : Diwan : Ils manifestent pour une politique globale en faveur du breton dans les Côtes-d'Armor
Diwan doit diversifier ses ressources
Les sources de financement de Diwan sont principalement constituées de subventions publiques, dons de particuliers et reversements des associations du réseau. "L’essoufflement de l’engagement bénévole fait planer une menace sur les mécanismes de solidarité instaurés au sein du réseau et, par répercussion, sur les finances de l’association, pointe la Chambre régionale des comptes. Diwan demeure, dans ces conditions, financièrement dépendant de partenaires, notamment les Départements et Région, eux-mêmes confrontés à des arbitrages budgétaires dictés par les circonstances ou obéissant à des logiques qui leur sont propres."
"La Chambre régionale des comptes donne des pistes pour diversifier nos ressources, explique Yann Uguen, notamment en allant voir des acteurs économiques. Chose qu’on ne faisait pas. On y réfléchit." La cour évoque également la possibilité de mobiliser des "personnalités locales attachées à la culture bretonne".
En tout cas, pour Diwan, il est hors de question de remettre en cause la gratuité des écoles.
Mobilisation générale
L'association espère aussi remobiliser ses troupes. "Il y a eu une fracture après le Covid au niveau des engagements et des disponibilités, développe Yann Uguen. On y travaille pour le reconstruire. On essaye de reformer nos bénévoles et nos parents, de renforcer le réseau, l’interconnexion entre les écoles et le projet politique."
Une vision à court terme
La cour pointe également un manque de vision sur le long terme. Si la difficulté de se projeter est aussi liée aux ressources financières compliquées, l'association affirme avoir considéré la critique. "On a une orientation en congrès de deux ans. Ils nous disent qu’il faudrait une vision sur un plus long terme. On prend note des remarques pour se fixer des objectifs sur le court et le long terme pour mettre en place des stratégies plus opérationnelles et politiques."
Se projeter à long terme sans avoir une visibilité des capacités qu’on pourrait avoir, c’est difficile. Et l’aspect juridique nous met une insécurité, on le sait bien et on doit avancer sur ce point-là
Yann UguenPrésident de l'association Diwan
L'aspect juridique est en effet un point sur lequel les acteurs de Diwan et du territoire se battent. Car, comme le souligne le rapport, "l’association et le réseau sont exposés à des risques juridiques importants."
Si l’administration a, en 2021, reconnu la faculté de recourir à cette méthode dite immersive par voie de circulaire, cette méthode d’enseignement "s’écarte" de normes constitutionnelles. Diwan espère donc pouvoir sécuriser la situation.