Jane Birkin et le pays des Abers, c'est un rendez-vous multiple. L'artiste, qui incarne les plus belles heures de la chanson française, du cinéma et de la passion amoureuse, nous avait reçu en mai 2021 chez elle, entre l'Aber-Wrac'h et l'Aber-Benoît. L'occasion de revenir sur son lien avec les terres du Finistère alors qu'elle s'est éteinte ce 16 juillet 2023. Cet article est une mise à jour d'un article d'avril 2021.
À la faveur d'Abers Road, le road trip musical de France 3 Bretagne, Jane Birkin nous avait reçus en mai 2021 dans son refuge du nord-Finistère. Un lieu hors du temps et hors du commun, à l'image de l'artiste décédée ce 16 juillet 2023.
Dans cette demeure immense qui surplombe l'Aber-Benoît, les souvenirs d'une vie riche de joies, de rencontres, d'aventures, de vertiges et également de peines.
Ici j’ai tous mes souvenirs, et les souvenirs c’est une chose merveilleuse et c’est une chose pesante à la fois.
Voir cette publication sur Instagram
Le lien entre le pays des Abers et Jane Birkin est un fil d'or qui la suit depuis plus de trente ans, depuis le jour où, dans un train, elle reçoit un message.
J'apprends qu'une maison donnant sur une plage des Abers est à vendre. Cette maison donne sur une plage d’où mon père participait à évacuer vers l’Angleterre des aviateurs anglais, américains et canadiens.
Nous sommes en 1943 et un groupe de résistants récupère des soldats alliés au nez des Allemands dans leurs bunkers de Landéda et de Lannilis. " Des inconnus qui ont risqué leurs vies, des héros" relate Jane Birkin qui est touchée par le courage des hommes et femmes de la région. Et parmi eux, son père.
L’histoire est romanesque comme l’est la vie de Jane Birkin. Elle ne pouvait donc pas passer à côté de cette maison, de cette rencontre.
Le pays des Abers était ma destinée.
"Le pays des Abers était ma destinée. Dès que j’ai vu cette maison qui donnait sur la plage où mon père est venu, j’ai su. Cela me semblait trop beau. C'est d'ici que, pendant la guerre, mon père a fait une trentaine de missions autour de l’Aber-Benoît en embarquant les gens, pour les éloigner de ces côtes qui étaient couvertes d’Allemands. Il y avait 500 Allemands à Lannilis et 500 à Landéda. À la barbe des Allemands, des gens fantastiquement courageux ont caché beaucoup d'aviateurs anglais, américains et canadiens, pour leur faire regagner l’Angleterre".
Mon père passait les nuits sans lune pour embarquer et ramasser les soldats alliés au pied des bunkers allemands.
Un homme a connu son père et a participé avec lui à cacher ces soldats anglais, grands, bien plus grands que les hommes de la région. Monsieur Tanguy avait 15 ans en 1943 et pour Jane Birkin, il raconte ses souvenirs.
"On voyait les bouts rouges des cigarettes des Allemands. Il fallait cacher ces Anglais qui étaient si grands, les débarrasser de leurs bottes d'aviateurs et leur procurer des chaussures. Ils chaussaient du 47 alors que, dans la région, personne ne portait des souliers de cette pointure. Alors, on découpait le bout des chaussures pour qu'ils puissent les enfiler".
Jane Birkin aime Monsieur Tanguy et cette génération de Bretons qui a connu son père et la guerre.
Voir cette publication sur Instagram
Carnet de photos d'époque en main, Monsieur Tanguy a donné rendez-vous à Jane Birkin sur la plage Sainte-Marguerite, là où, avec le père de Jane, il a participé à des exfiltrations de soldats alliés. C'est ici également que Jane Birkin a libéré les cendres de son père, un lieu cher à ses yeux.
Personne ne m’a demandé de venir ici, de chercher les souvenirs de mon père. Lui ne saura jamais que je suis venue sur ses traces. J'ai acheté cette maison un an ou deux après sa mort.
Une vie romanesque
Les souvenirs de la vie de Jane Birkin sont immenses. De Serge Gainsbourg à ses parents, ses enfants, sa vie de voyages, de tournages, ses rencontres incroyables. Tout est tourbillon. Les Abers sont le refuge d’une vie.
"Cela me réconforte d’avoir une raison d’être ici. On était au poisson tout à l’heure et quelqu’un est venu en me disant que j’étais venue chez lui sur la plage Bonaparte à Bréhat. Mon père y est venu aussi. Mon père est mélangé en tout ici, et c’est un atout pour moi d’être conviée grâce à mon père. C’est lui qui est célèbre, ce n’est pas moi".
Jane Birkin, sous le charme des Abers et des gens de ce nord-Finistère, a ses endroits privilégiés. Des lieux et personnages qu'elle met à l'honneur pour cette deuxième émission d'Abers Road.
"Je suis une personne qui ne sort pas. Alors les lieux que je connais ne sont que des endroits qui me sont chers, comme cette plage Saint-Marguerite, Portsall et sa poissonnerie, etc. Pour Abers Road, j’ai essayé de montrer tout ce qui m’est charmant. Mais l’essence du charme vient des Bretons".
Une session musicale avec Gaëtan Roussel et Miossec
Pour Abers Road, Jane Birkin a embarqué Gaëtan Roussel dans son Finistère. Une rencontre intime, dans des lieux sauvages, et musicale à l'Auberge du pont sur l'Aber-Wrac'h. Gaëtan Roussel a fait la surprise d'inviter Christophe Miossec, un grand ami de Jane Birkin.
J’ai une admiration pour Christophe Miossec depuis toujours, depuis son premier disque « Boire ». C’est un personnage très attractif, doué et très unique. Je l’ai suivi beaucoup sur ses chansons et on a fait quelques duos dont « Pour un flirt » sur un album et la chanson « Brest » que j'ai chantée avec lui.
Accompagnés de Colin Russeil au Rhodes et de Mirabelle Gilis au violon, Gaëtan Roussel et Jane Birkin offrent cinq morceaux à Christophe Miossec : "Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve", "Les dessous chics", "Brest", "Il y a" et "Les jeux interdits".
Une session musicale improvisée, enregistrée par France 3 Bretagne.
Voir cette publication sur Instagram
►Abers Road avec Jane Birkin une émission de mai 2021 à retrouver en replay sur francetv.fr
► REVOIR aussi l'émission Le Grand Bazh.art sur france.tv où l'anglaise préférée des Bretons se livre sur sa carrière.