Corinne souffre d'obésité. Si elle n'a jamais été discriminée, elle a déjà reçu des remarques de la part de personnel médical. Le Groupe de réflexion sur l'obésité et le surpoids a transformé sa vie et changé son regard. "Si on arrive à une situation de surpoids, c'est qu’il y a un énorme problème derrière tout ça" dit-elle.
"J'ai commencé à être hors-norme à partir de l'adolescence" raconte Corinne, enseignante en Bretagne. J'étais déjà considérée comme grosse. J'étais obligée de m’habiller dans les grandes tailles" ajoute-t-elle.
L'enseignante a pris du poids après un voyage, une dépression, le décès de son papa ou encore le Covid-19. À chaque fois, des événements importants au cours de sa vie. "Je suis quelqu'un de très sensible, d'empathique" précise l'intéressée.
17% de la population adulte française touchée par l'obésité
En France, d'après l'INSEE, l'obésité touche 17% de la population adulte française et 47 jeunes femmes sur 100 sont victimes de discrimination. Si Corinne admet n'avoir jamais subi de discrimination ou de moquerie, elle ne vit "pas bien" cette situation.
"Dans la famille, c'était souvent 'fais attention à ce que tu manges', 'ne mange pas ça'" énumère-t-elle. Du côté des médecins, c'était un peu différent. "Ils me faisaient des remarques du style, 'vous devriez perdre un peu de poids'".
Ce ne sont pas les insultes qui ont fait que ça ne va pas mieux, c’est le fait de ne pas être comme les autres
Corinne
Rosemonde Roussey, diététicienne à Brest, admet que "l'extérieur est un monde hostile". Des exemples de grossophobie, elle en a plusieurs. "On a des histoires très dures de jeune fille à leur anniversaire, on leur offre une balance par exemple. Les problèmes de maillot de bain aussi, alors que l'on dit que pour perdre du poids, il faut nager..." constate cette dernière.
Aujourd'hui, le poids de Corinne est "au-delà de ce qui est imaginable de peser". "Ce ne sont pas les insultes qui ont fait que ça ne va pas mieux, c’est le fait de ne pas être comme les autres parce que moi, je devais faire attention" déclare-t-elle.
La "grossophobie médicale"
Mais Corinne n'échappe pas à ce que Rosemonde Roussey appelle la "grossophobie médicale". "Lors d'une coloscopie, la gastroentérologue n’a pas pu me bouger. Elle m'a dit que c’était ma faute, car je n'avais pas fait le régime qu’elle m’avait donné" se souvient l'enseignante.
La diététicienne complète : "C'est très compliqué pour quelqu'un qui va voir le médecin pour un rhume de repartir avec un régime. Donc la personne va avoir peur de retourner consulter son médecin et c’est comme ça que l'on passe à côté de cancer. Le ou la patiente va toujours être ramené(e) à poids".
Travailler son alimentation, c'est accepter de faire face à sa propre vie, à sa réalité
Corinne
Il y a un an, Corinne a accepté de faire quelque chose sur son alimentation. "Travailler son alimentation, c'est accepter de faire face à sa propre vie, à sa réalité" confie-t-elle. J’ai toujours voulu perdre du poids, mais là, le but, c'est de changer sa relation à l’alimentation, comprendre comment ça fonctionne".
L'association GROS - Groupe de réflexion sur l'obésité et le surpoids -, a "complètement transformé ma vie" sourit Corinne.
Aujourd'hui, sa vision des choses a changé. "Il faut apprendre à s’écouter. Si on arrive à une situation de surpoids, c'est qu’il y a un énorme problème derrière tout ça. Ce n'est pas le surpoids qu’il faut traiter mais les problèmes derrière" analyse Corinne qui pense maintenant être "sur la bonne voie".
Ce 13 avril, à Brest, Corinne témoignera lors d'une conférence-débat intitulée "Gros.se et alors ?". Un challenge pour elle. "C’est assez nouveau de parler de ça. Je n'ai pas peur de parler en public, mais jusque-là, c’était en entre soi, alors que là, je vais parler à des personnes extérieures à mon univers".