"On craint la mutinerie ou des agressions de surveillants", un record de surpopulation dénoncé par les surveillants pénitentiaires à la prison de Brest

La surpopulation à la maison d'arrêt de Brest a dépassé la barre symbolique des 190 % ce vendredi 22 mars. Et le nombre de détenus pourrait encore grimper selon les syndicats d'agents pénitentiaires qui craignent désormais des agressions sur le personnel ou des mutineries.

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Ce vendredi 22 mars, le nombre de détenus de la maison d'arrêt de Brest a atteint un triste record : prévu pour en accueillir 224, le quartier pour homme en regroupe désormais 427, soit une surpopulation de 190 %. "C'est du jamais vu !", assure Reynald Cochennec, délégué FO-Pénitentiaire qui comptabilise désormais "plus de 70 matelas au sol", soit 70 cellules de 9 m² où cohabitent trois détenus. 

On se demande quand ça va s'arrêter, on sait que ça va continuer à rentrer.

Reynald Cochennec

Délégué FO-Pénitentiaire à la maison d'arrêt de Brest

Et il faut aussi composer avec ceux souffrant de pathologies psychiatriques qui doivent être isolés du reste de la population carcérale. "On va finir par se retrouver avec quatre matelas par terre, s'alarme le syndicaliste. Ça devient un vrai casse-tête. On se demande quand ça va s’arrêter, on sait que ça va continuer à rentrer.

Un casse-tête pour les surveillants

Car la maison d'arrêt accueille les détenus en attente d'un jugement ou condamnés à une peine n'excédant pas deux ans. "Il n'y a pas de limite, répète Reynald Cochennec. Si le juge d'application des peines nous envoie un détenu, on doit le prendre", contrairement aux centres de détention ou aux maisons centrales où les détenus purgent de plus longues peines et où le numerus clausus est rarement dépassé. 

"Cette semaine, en une journée, on a comptabilisé neuf nouveaux détenus pour trois sortants", dénombre encore Reynald Cochennec qui regrette aussi que la direction interrégionale des services pénitentiaires du Grand-Ouest "continue de transférer des détenus sous mesure d’ordre et de sécurité (MOS), des détenus qui posent problème dans d’autres établissements pénitentiaires. On craint la mutinerie ou des agressions de surveillants. "

Dans les quartiers des femmes et des mineurs, les seuils sont relativement respectés : le quartier des femmes compte 22 détenues pour 20 places, celui des mineurs, 9 détenus pour 10 places. 

Résultat, les surveillants ne peuvent faire que le minimum "les transferts se résument aux déplacements des détenus de leur cellule à la douche". Tous les services sont sous-dimensionnés : "le greffe croule sous les dossiers, l'intendance à la cuisine fait au mieux.

Lire : VIDÉO. La rentrée des classes en prison. "L'éducation contribue à la réinsertion des détenus"

Conditions de vie indignes pour les détenus

En février dernier, le député finistérien Jean-Charles Larsonneur interpelait déjà le garde des Sceaux éric Dupont-Moretti dans une lettre pour dénoncer "les souffrances des équipes de l'administration pénitentiaire et les conditions de vie indignes des détenus", qualifiant la prison de "vétuste et surpeuplée".

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Reportage de Manon Le Charpentier et Régis Massini ©FTV

 

Lire : Prison de Brest. Un piquet de grève pour exiger des postes

À l'automne dernier, une quarantaine d'agents de la maison d'arrêt dénonçaient la dégradation de leurs conditions de travail, la surpopulation carcérale et demandaient une quinzaine de postes supplémentaires pour assurer leur mission.

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