"On nous accuse d'apologie du nazisme, c'est absurde !" Le défrichage de bunkers à la pointe bretonne soulève les passions

Les bunkers du Men Tan à Plogoff, 80 ans après le départ des soldats allemands, sèment la discorde. Le site radariste, tout juste dépollué et défriché par des bénévoles, est interdit au public depuis jeudi dernier par arrêté municipal. Officiellement fermé pour raison de sécurité, cet héritage du passé sombre de la Bretagne, est le terrain d'une guerre d'accusations douteuses.

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"Je ne comprends pas cette réticence à notre projet." Claude Marzin, le président de l'Association de sauvegarde du patrimoine historique du Men Tan, est interloqué. Il y a deux jours, un arrêté municipal est venu interdire l'accès au site du Men Tan pour des raisons de sécurité.

"90% des bunkers sont dépollués"

Depuis mai 2023, l'association et des dizaines de bénévoles défrichent et dépolluent "à la force des bras, avec des pelles et des brouettes", ce site radariste et ses impressionnants bunkers construits par les nazis pendant la seconde guerre mondiale. "90% des bunkers sont dépollués."

À lire : Patrimoine. Des bunkers de la Seconde Guerre mondiale restaurés

Un site "exceptionnel" à en croire les membres de l'association. Tout d'abord pour son panorama à couper le souffle. "On a une vue sur une grande partie du Finistère", décrit Claude Marzin. Mais aussi pour ses bunkers. "Le site faisait partie des bases allemandes qui expérimentaient un nouveau radar." Un géant de 30 mètres sur 16 "avec une portée de 350 kilomètres à 800 mètres de hauteur", de quoi, selon ce passionné d'histoire, prévoir le débarquement de Normandie s'il avait été mis en service à temps par les nazis.

"Les gens sont avides d'explications historiques"

"On a été l'un des sites coup de cœur des journées du Patrimoine en Bretagne, se réjouit Claude Marzin. L'association a organisé cette année de nombreuses promenades explicatives sur le site. "On a eu près de 3900 visiteurs sur l'année. Les gens sont avides d'explications historiques. Des anciens du village, qui étaient plutôt circonspects au départ sur le projet, sont venus et ont raconté leurs liens avec le lieu. Des générations d’enfants sont venues jouer à la petite guerre ici ou bien ils ont fait leurs premières boums."

"On est tous venus ici gamins pour jouer au foot ou pour chercher l'aventure dans ces sous-terrains, raconte Claude Maréchal, un cinquantenaire membre de l'association. Les gamins ont pris de l'âge et en se retrouvant quelques années plus tard on a constaté l'état du site et on a décidé de venir le nettoyer un peu. Ces bunkers, on peut décider de les cacher ou bien de les montrer." Dans l'association, ils ont fait leur choix. "Ça peut être un outil pédagogique. Les enfants peuvent venir s'interroger. Nous aussi on a eu un conflit ici."

Du projet pédagogique aux accusations d'apologie du nazisme

Selon l'association, les retours étaient tous positifs. "Ça intéresse, développe Claude Maréchal. Des gens passionnés de cette période de l'histoire venaient déjà visiter le site avant." Un constat partagé par Claude Marzin qui regrette cependant qu'un "élu d'une autre commune" les accuse de faire "de l'apologie du nazisme."

Des accusations et des sous-entendus qui seraient partagés par certains élus de Plogoff selon lui. "Dire que l'Allemagne était en avance sur les radars c'est de l'apologie ? S’interroge-t-il. Ils étaient en avance technologique, c'est un fait. D'ailleurs les Américains ont récupéré tout le matériel pour l'envoyer aux Etats-Unis après la guerre."

"La priorité, c'est la sécurité du site"

"Nous avons pris cet arrêté en concertation avec la préfecture, explique Joël Yvenou par téléphone, le maire de Plogoff reste loin des accusations douteuses d'apologie du nazisme et souhaite l'apaisement sur sa commune. Nous réglementons l’accès au site pour assurer la sécurité en attendant qu’on valide un cahier des charges pour savoir qui fait quoi sur le site (entre l’association, la mairie, la communauté de communes)."

"On n’est pas là pour bloquer le site mais en attendant, si quelqu’un se blesse sur place, c’est le maire qui est responsable. Nous sommes pour avancer mais avancer ensemble." C’est d'ailleurs l’objet d’une réunion le 9 janvier prochain. Réunion où "tout le monde est invité. Mais en attendant, la priorité c’est la sécurité du site. On voit des photos de personnes qui escaladent les grands blocs du Men Tan. C’est dangereux."

L'arrêté de la discorde

Le maire avance que l’association était au courant de la prise de l’arrêté qui est la suite de la reprise en main du dossier par la mairie. "On ne nous a pas expliqué en quoi consistait l'arrêté exactement, regrette Philippe Cajean, secrétaire de l'association. Au niveau des textes, ce n'est pas toujours facile à comprendre, ce n'est pas très clair. Aujourd'hui, on attend que le dialogue reprenne."

"Je pense comprendre cet arrêté sur la sécurité mais on a besoin d'aide pour sécuriser le site", renchérit Claude Marzin. Le président de l'association s'étonne dans le même temps "qu'à 500 mètres de là, il y ait des bunkers accessibles au public alors qu'ils sont non dépollués. Allez fouiller à la pointe du Raz et vous allez trouver de la déchetterie lourde."

L'association qui souhaite également "un apaisement" sera bien présente le 9 janvier prochain pour la réunion en mairie sur le dossier.

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