Après quatre ans de bras de fer judiciaire avec l'opérateur de téléphonie Orange, un collectif d'habitants de Locronan vient d'obtenir gain de cause. Aucune antenne ne sera implantée sur ce territoire.
"C'est l'un des paysages caractéristiques du Finistère et c'est ce qui a permis de montrer que cette antenne n'avait rien à faire là", assure Bruno Bournigault du haut de la montagne de Locronan en pointant du doigt la plaine du Porzay et la baie de Douarnenez.
L'homme fait partie du collectif de citoyens "Antenne Protection Lokorn" qui s'est opposé pendant quatre ans au projet d'implantation d'une antenne relais Orange.
"Cette victoire, elle démontre que la beauté des paysages peut passer avant le modernisme", ajoute le militant. "Ça a été un manque criant de concertation", rappelle Eloïse Le Breton également membre du collectif.
"On n'a pas été consulté, on a appris ça par hasard, alors avec cette décision, on est soulagés de constater qu'on est encore dans un Etat de droit où on entend les citoyens, où on se dit qu'ils ont peut-être un mot à dire pour la préservation de l'environnement".
Eloïse Le BretonMembre du collectif Antenne Protection Lokorn
Un combat judiciaire qui aura coûté entre 8 000 et 10 000 euros au collectif.
L'antenne aurait été construite dans un champ au bord d'un des chemins empruntés par la Troménie de Locronan, l'un des plus grands pardons de Bretagne.
"Les consommateurs, les principaux perdants"
Orange qui a renoncé à aller devant le Conseil d'Etat n'a pas souhaité répondre à nos questions mais fait remarquer que c'est le maire qui a demandé au départ une meilleure couverture 4G du territoire.
"Je crois que ce sont les consommateurs qui ont perdu", se désole Antoine Gabriele, maire de Locronan. "On leur avait demandé de venir améliorer le service."
"S'ils ne s'étaient pas entêtés, s'ils avaient bien voulu écouter les élus de terrains et les habitants, ils auraient trouvé une autre implantation et Orange aurait pu rendre le service dont nous avons besoin."
Antoine GabrieleMaire de Locronan
L'article 222 de la loi Elan empêche désormais les maires de s'opposer à l'implantation d'une antenne relais. C'est suite à ce constat d'impuissance de la mairie que le collectif a été créé.
Résultat, aujourd'hui à Locronan certaines zones sont peu ou mal couvertes.
Les touristes rencontrés sur place prennent les choses avec philosophie : "Je suis allée sur internet et me suis rendue compte que je n'avais pas de réseau", assure une jeune femme. "Mais nous sommes en vacances, ce n'est pas très grave. On pose le téléphone et on s'en sert juste pour prendre des photos."