Plaisanciers confinés : "on n'a pas le droit de sortir du bateau alors que voyager est notre mode de vie"

Confinés à bord, les habitants à l'année de voiliers ne peuvent hisser les voiles. Les préfets maritimes ont rappelé que les activités nautiques étaient interdites. Le but : éviter les accidents et l'appel de la SNSM. Au port, on remet donc à plus tard ses projets de navigation. Témoignages.

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Sur le port du Moulin Blanc, à Brest dans le Finistère, les gréements tintent au vent et les goélands ont repris possession des quais. Les rayons du soleil printanier filtrent à travers les bouts soigneusement lovés. Seuls quelques irréductibles marins sont toujours sur le pont. Celui du voilier qu'ils habitent à l'année. Un mode de vie qui permet, en temps normal, le voyage au gré des fenêtres météo et des marées.


Vie à bord : un confinement quasi-permanent


Mickaël et sa compagne Marie-Rose vivent depuis 2012 sur leur voilier de 13m, le Breizh-Fenua, amarré au port du Moulin Blanc. "Nous naviguons beaucoup en Atlantique et en Manche, nous étions aux îles Scilly l'été dernier." Depuis un an, ils ont été rejoints par leur petite fille, "ce qui modifie un peu notre organisation. Notre bateau représente environ un espace habitable de 20m². Donc être confinés ici ne change pas grand chose par rapport à notre mode de vie habituel. Notre espace est de toute façon plus restreint que celui d'un appartement ou d'une maison" explique Mickaël par téléphone.

Aux prémices du confinement, l'interdiction de naviguer n'a pas été bien admise par les marins. "Mais assez rapidement, on a reconnu qu'il fallait protéger la SNSM, éviter de les appeler et que les sorties des plaisanciers pouvaient leur faire prendre des risques"  reconnaît Mickaël.


Les navigations en suspens


Même sentiment du côté du port du Tréboul à Douarnenez. "Il faut protéger les secours en mer. Mais c'est difficile à vivre de ne pas pouvoir naviguer, d'autant qu'on pourrait pêcher" affirme Mike qui vit sur le Kan Avel, son voilier de 10m depuis un an. Avec sa fille de 23 ans, ils se préparaient à prendre le large, direction l'Irlande et l'Ecosse. Mais avant leur départ mi-mai, les deux marins devaient effectuer des travaux sur leur navire. "Tous les magasins sont fermés, je devais installer des panneaux solaires et réparer le régulateur d'allure ; j'irai voir sur internet si je peux trouver les pièces. Si toutes les conditions sont réunies, nous espérons pouvoir tenir notre programme".

Loïc et Mathilde vivent sur le Davaï, un voilier de 11m depuis un an. Voyageurs dans l'âme, le couple devait partir le vendredi après le début du confinement vers les Canaries d'abord. "On est bloqués à Douarnenez, on n'a pas le droit de sortir du bateau. On avait économisé assez de caisse de bord pour faire une transat et aller travailler aux Antilles. Au début, j'avais un fort sentiment d'emprisonnement car je suis habitué à beaucoup voyager, c'est notre mode de vie" explique Loïc. Une interrogation subsiste. "Devrons-nous payer l'anneau au port de Douarnenez pour le mois d'avril ? C'est problématique car les prix augmentent en avril".


Malgré le confinement, la convivialité des gens de mer toujours vivante


Tous s'accordent à dire que vivre ce confinement sanitaire sur un bateau leur fait jouir d'une belle cohésion de groupe avec les autres plaisanciers. "On fait très attention à la cohésion du groupe. Lorsqu'il y a eu un gros coup de vent et que nous avons dû passer du port Rhu au Tréboul, on nous a aidés, tout en gardant tous nos distances de sécurité", raconte Loïc. Mike abonde : "au port du Tréboul, sept ou huit bateaux sont habités, chacun sur son bateau avec deux ou trois embarcations entre nous, on arrive à communiquer." Seuls mais ensemble, en attendant d'être seuls avec l'océan.
 


Les plaisanciers des ports de Douarnenez ont reçu un mail du gestionnaire de l'infrastructure afin de recenser le nombre de présents à bord des bateaux à quai.
Au port du Légué à Saint-Brieuc, les rondes de surveillance ont été augmentées. Nicolas Guoguer, le gestionnaire du port de plaisance explique : "en temps normal, sur un port, il y a des yeux tout le temps mais avec le confinement nous craignons que les bateaux soient fracturés et volés. Nous procédons également à une désinfection quotidienne des sanitaires alors qu'en hiver normalement nous ne le faisons que trois fois par semaine du fait du peu de fréquentation".
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