Après les incidents où un tramway a été bloqué, des mortiers tirés et un véhicule de Bibus incendié dans le quartier de Pontanézen à Brest, une réunion a rassemblé les salariés ce matin au siège de la compagnie. Hier, le trafic avait été interrompu, il a repris ce matin, mais les arrêts Europe, Pontanézen et Watteau ne sont pas desservis.
Ce lundi 24, le service de bus et de tram reprend, mais Bibus fait savoir que les arrêts Europe et Pontanézen ne seront pas desservis. Le tramway fonctionnera normalement de Porte de Plouzané à Menez Paul. A partir de Menez Paul, les clients pourront voyager à bord des bus de remplacement jusqu’aux Portes de Gouesnou et de Guipavas.
Sur les ligne scolaires 40 et 45, l’arrêt Watteau ne sera pas desservi. Bibus invite ses voyageurs montant habituellement à l’arrêt Watteau à se rendre aux arrêts Paulet et Kerzu pour être pris en charge.
"On attend de voir ce qui va se passer sur Pontanézen, mais le tram ne passera pas dans le quartier cette semaine "explique Luc Daniel, le délégué CFDT de Bibus.
Les incidents ont éclaté samedi soir 22 janvier, vers 23 h, dans le quartier de Brest de Pontanézen. Des obstacles ont été posés sur la voie du tram pour empêcher sa circulation, puis des mortiers ont été tirés dans sa direction. Le véhicule d’un agent de Bibus, venu porter secours au tram a été incendié.
Dispositif spécial en cas de problème
"On retournera à Pontanézen quand on sera sûrs qu'il n'y a pas de danger pour les collègues " poursuit le délégué syndical. "On a demandé aussi la création d'un dispositif spécial quand il y a un problème dans Ponta, pour que les trams s'arrêtent avant parce Ponta c'est un corridor".
"Notre collègue chauffeur est très secoué, il est en arrêt. On ne comprend pas pourquoi on a continué à circuler dans le quartier alors qu'il était à feu et à sang depuis mercredi. Il y avait eu des voitures brûlées, la zone aurait dû être sécurisée."
Luc Daniel repense à une de ses collègues. "En 2014, elle conduisait le bus qui a reçu des cocktails Molotov, elle n'a jamais pu reprendre le travail. Là, on savait que c'était tendu, mais on nous a laissés y aller."
Il songe aussi aux usagers," les familles, les petites dames qui trimballent des gros sacs vont être impactées, mais nous n'avons pas le choix."
Le quartier blessé
"Pour les habitants, c’est la double peine" s’indigne Nazim Yenier, de l’association les Bergers du quartier.
Il a lancé une pétition en ligne pour demander les expulsions des délinquants.
Jean ( prénom d'emprunt ) habite dans le quartier, quand il a été informé par des amis, il a sauté sur sa trottinette pour aller voir. "Ils étaient une quinzaine de jeunes, ils ont 15 ou 16 ans maxi. Ils saccageaient l'arrêt de tram. Quand les pompiers sont arrivés pour éteindre l'incendie, ils ont tiré dessus."
Pontanézen n'appartient pas aux jeunes.
Jean, un habitant du quartier
"Depuis des années, les jeunes, ils font ce qu'ils veulent, c'est eux qui décident de ce qui se passe dans le quartier. Leurs parents n'ont pas le dessus, c'est eux qui rapportent l'argent à la maison. La drogue, c'est un business qui rapporte," se lamente Jean.
" Quand je vois ça, les règlements de compte, les voitures caillassées, les tirs de mortiers, que ça part en sucette, ça m'énerve. Les gens d'ici, ils veulent déménager. Il faut faire bouger les choses" insiste le riverain.
La réponse de la Préfecture attendue
"Les pompiers et policiers dépêchés sur place ont également subi des jets de projectiles et des tirs de mortiers. Malgré ces actes de violence, l’intervention des forces de l’ordre a permis de sécuriser rapidement la zone et de mettre fin aux troubles à l’ordre public vers minuit trente", se félicite la Préfecture du Finistère
Le préfet du Finistère adresse un message de "soutien aux forces de l’ordre, aux pompiers du Finistère et aux agents de Bibus, et de condamnation des agressions physiques dont ils ont fait l’objet cette nuit, alors même que leurs interventions étaient nécessaires et indispensables pour assurer la sécurité publique."
Unité SGP Police exige des renforts
"On a passé un cap" s'alarme Eric Kerbrat, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police. " On doit pouvoir travailler dans ce quartier." Le syndicat demande le renfort de forces mobiles pour que le quartier retrouve son calme." Il nous faut des effectifs, en urgence et en nombre" explique le policier, "nous avons eu quelques renforts mais ils ont à peine comblé les départs, il nous faut une vingtaine de policiers maintenant !"
Le préfet du Finistère, le procureur de la République et le maire de Brest tiennent une conférence de presse ce lundi matin.