REPORTAGE. "Des images d'une puissance émotionnelle hors du commun". Denez Prigent publie ses gwerz dans un livre

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Le reportage de Muriel Le Morvan et Julien Le Bot ©France 3 Bretagne

De la transmission à la création, Denez Prigent est connu pour faire perdurer le chant traditionnel breton en l'arrangeant parfois sur des rythmes technos. L'ouvrage qu'il publie en cette fin d'année est un recueil des nombreuses gwerz qu'il a composées. La gwerz, un genre ancestral transmis oralement de génération en génération.

Denez Prigent a découvert les gwerz grâce à sa grand-mère qui elle-même les tenait de ses aïeux. Ces complaintes relatent souvent des évènements tragiques, naufrages, guerres ou épidémies.

Elles ont traversé les siècles depuis le Moyen-Âge grâce à la transmission orale. Le chanteur finistérien a apporté sa pierre à cette tradition en composant lui-même une centaine de gwerz. "C'est d'une très grande poésie et il n'y a pas cette emphase qu'on pourrait trouver dans la littérature écrite, dit-il. C'est un style beaucoup plus direct, avec des images d'une puissance émotionnelle hors du commun. Quand je compose des gwerz sur des événements actuels tragiques, c'est pour moi une façon de faire connaître ces événements aux générations futures". 

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Les gwerz, un héritage à pérenniser

Denez Prigent a par exemple raconté la famine de Kiev des années 30 ou le génocide des Tutsis au Rwanda. Mais au-delà du témoignage, c'est un style qu'il veut faire perdurer. "C'est une forme unique au monde de composition, souligne-t-il. C'est vrai qu'on a cette chance en Bretagne d'avoir gardé cette littérature orale qui remonte à la nuit des temps, alors qu'ailleurs, elle s'est perdue".

Si un chant était écrit sur une feuille de papier, on le mettait dans un tiroir. Il suffisait que la maison brûle ou qu'il y ait une inondation et le chant était perdu pour toujours

Denez Prigent

Chanteur breton

Il explique la raison de cet attachement à cette forme orale : "Les premiers bardes disaient surtout 'N'écrivez pas mes chants, sinon ils vont disparaître'. C'est vrai que si un chant était écrit sur une feuille de papier, on le mettait dans un tiroir. Il suffisait que la maison brûle ou qu'il y ait une inondation et le chant était perdu pour toujours. Alors que s'il était transmis oralement de génération en génération, il perdurait dans le temps"

Alors que la transmission orale s'étiole, Denez Prigent, lui, a décidé de publier ses gwerz et d'assurer ainsi leur pérennité, en espérant que de jeunes chanteurs s'en emparent et décident un jour de composer à leur tour.

(Avec Muriel Le Morvan)

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