Ségur des travailleurs sociaux. Mobilisation dans le Finistère et en Ille-et-Vilaine. "Les plus bas salaires sont exclus de la prime de 183 euros"

Les salariés des secteurs social et médico-social se mobilisent, depuis l'annonce du versement d'une prime de 183 euros nets mensuels qui, pour l'instant, exclut "les plus mal payés" d'entre eux. En Ille-et-Vilaine, un débrayage a eu lieu ce mardi, à l'ADAPEI 35. Dans le Finistère, un rassemblement est prévu ce vendredi à Plabennec.

Dans les secteurs social et médico-social, tous les salariés ne sont pas logés à la même enseigne. Certains, comme les agents d'entretien, les veilleurs de nuit, les cuisiniers ou encore les secrétaires, sont exclus du versement de la prime de 183 euros nets mensuels annoncé par le Premier ministre Jean Castex le 18 février dernier.

"Ils sont les métiers oubliés, souligne Stéphane Le Cossec, délégué syndical CGT des Papillons Blancs dans le Finistère, alors qu'eux aussi ont été présents pendant la crise sanitaire auprès des résidents. Ils représentent, pour la plupart, les plus petits salaires de notre convention collective. Ces personnes, l'Etat n'en parle pas".

"Trois CDI pour boucler mes fins de mois"

Ce mardi, à Cesson-Sévigné, en Ille-et-Vilaine, les salariés de l'ADAPEI 35 ont à nouveau opéré un débrayage devant l'Etablissement et service d'aide par le travail Utopi (ESAT), pour réclamer "cette prime pour tous"  mais également une revalorisation des salaires. Les soixante-trois structures que compte l'ADAPEI 35 sont mobilisées depuis le mois de décembre.

Thierry Dilling, agent de restauration en CDI depuis quatre ans, constate que sa charge de travail a augmenté et "pourtant, ajoute-t-il, la paie reste la même". Il gagne le SMIC, "mais avec tout ce qui est déduit, je me retrouve avec trois CDI pour boucler les fins de mois"
Le jeune homme de 24 ans dit pouvoir "tenir le rythme parce que je suis jeune mais j'ai des collègues qui sont à bout."

"Manque à gagner de 300 euros"

Dans le Finistère, même combat. Un rassemblement est d'ailleurs prévu ce vendredi, à 14h, à l'Institut médico-éducatif (IME) de Plabennec, établissement dans le giron de l'association Les Genêts d'or. "La prime, c'est une chose, relate Fabien Huguet, délégué syndical CGT des Genêts d'Or. Elle n'est pas pérenne, elle peut disparaître d'un jour à l'autre. Nous, ce que nous voulons, c'est une augmentation plus globale".   

En 2021, les salaires ont été réhaussés de 0,02 centimes d'euros du point. "Par rapport au coût de la vie, estime Stéphane Le Cossec, on a un manque à gagner de 300 euros".

Tout cela ne fait qu'accroître les discriminations salariales et le ressentiment

Fabien Huguet, délégué syndical CGT des Genêts d'or

Son collègue des Genêts d'or rappelle la difficulté des "plus mal payés" à joindre les deux bouts. Et de citer cette femme de ménage, à temps partiel, "qui gagne 900 euros par mois et est obligée de faire un deuxième boulot pour avoir un temps plein, explique Fabien Huguet. Cette salariée, qui a été indispensable pendant la pandémie, ne touchera pas les 183 euros de prime. Elle comme d'autres se sentent rejetés. Tout cela ne fait qu'accroître les discriminations salariales et le ressentiment".

"On nous parle plus de budget que d'accompagnement"

Depuis la création de la convention collective du secteur social en 1966, les grilles de salaires n'ont peu ou pas évolué du tout. "Les conditions de travail se sont détériorées, précise Stéphane Le Cossec. Par exemple, aux Papillons Blancs, on a soixante plages horaires différentes dans les plannings, on bosse un week-end sur deux. La pénibilité de nos métiers n'est pas considérée". Les Papillons Blancs, ce sont 800 salariés répartis sur le Finistère pour 1.700 personnes prises en charge. 

"Ceux qui décident ont une méconnaissance de nos réalités, note Fabien Huguet. On doit gérer des handicaps lourds, des troubles psychiatriques de plus en plus importants. On manque de formation. Je constate aussi une déshumanisation des choses. On nous parle plus de budget que d'accompagnement".

La perte de sens au travail est un autre paramètre qui, outre la question des salaires, rebute et entraîne un manque d'attractivité du secteur social ou médico-social.  Certains salariés claquent même la porte après des dizaines d'années d'activité. D'autres y songent de plus en plus "On n'avait jamais vu ça, remarque le délégué syndical des Genêts d'or. Et le mouvement s'est amplifié avec la crise sanitaire".

Nos métiers doivent être reconnus à leur juste valeur

Didier Gacel, directeur territorial ADAPEI 35

A l'ADAPEI 35, qui emploie 1.400 salariés (sans compter les intérimaires), il y a actuellement une centaine de postes vacants. "Il y a des postes sur lesquels nous pouvons trouver des gens, constate Didier Gacel, directeur territorial ADAPEI 35. Ce sont les postes comme maîtresse de maison, moniteur d'atelier, agent technique qui nous mettent à défaut car personne ne veut intégrer notre association, malgré les valeurs qui sont les nôtres, à cause des salaires".   

L'association d'Ille-et-Vilaine, septième employeur du département, a adressé un courrier à l'ensemble de ses salariés. "Nous voulons leur dire que nous mettons tout en œuvre pour les accompagner, souligne Didier Gacel. Nous allons étudier les possibilités pour compléter ces mesures du Ségur et permettre une certaine équité, en fonction des marges de manœuvre financières que nous aurons. Mais, oui, nos métiers doivent être reconnus à leur juste valeur".

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