Témoignage. "Mes cousins et mon oncle sont traités comme des clandestins", sa famille indonésienne n'obtient pas de visa pour assister à son mariage

Publié le Écrit par Carole Collinet-Appéré

Gurvan Kristanadjaja est né de mère brestoise et de père indonésien. Pour son mariage dans le Finistère, le 24 août 2024, il espérait réunir les deux branches familiales. Or, l'ambassade de France à Djakarta a dit non à la demande de visas touristiques au motif que ses cousins et son oncle pourraient ne plus repartir.

Le mariage sonne toujours comme une grande réunion de famille. On la veut au complet, pour partager son bonheur. C'est de cette manière que Gurvan Kristanadjaja imagine le sien avec Laure-Anne, le 24 août prochain. Avoir auprès de lui les deux branches familiales qui composent ses racines : brestoises du côté de sa mère et indonésiennes du côté paternel.

Pour ce journaliste et écrivain, arrivé à Brest à l'âge de 2 ans avec ses parents, réunir les deux familles est "important", compte tenu de l'histoire sous-jacente. Celle d'un gamin qui a vu son père disparaître, un beau jour, sans laisser de traces, le privant de ce lien avec l'Indonésie. Les retrouvailles n'auront lieu qu'une quinzaine d'années plus tard. Gurvan en a d'ailleurs fait le sujet de son premier roman, Amok, mon père, paru en 2024.

"Traités comme des clandestins"

Alors quand l'administration française, en l'occurrence l'ambassade de France à Djakarta, interdit à ses cousins et à son oncle indonésiens de venir à son mariage dans le Sud Finistère, le jeune homme de 32 ans ne laisse pas passer. D'autant, dit-il, que les arguments avancés pour refuser les visas touristiques, "qui ont été payés, 100 euros par personne", sont "incompréhensibles".

Vous n'êtes pas blanc, vous venez d'un pays du Sud, vous êtes donc soupçonné

Gurvan Kristanadjaja

Journaliste et écrivain

Dans le courrier de l'ambassade, qu'il a rendu public sur le réseau X, il est indiqué qu'il "existe des doutes raisonnables quant à la fiabilité et l'authenticité des documents justificatifs" fournis par sa famille. De même est-il écrit noir sur blanc qu'il n'est pas certain, une fois en France, que les cousins et l'oncle auront "la volonté de quitter le territoire".

"Je suis tombé de ma chaise, confie Gurvan. L'impression que cela donne, c'est que chaque touriste non occidental est un migrant potentiel. C'est raciste et hyper arbitraire. Vous n'êtes pas blanc, vous venez d'un pays du Sud, vous êtes donc soupçonné. En gros, mes deux cousines, mon cousin et mon oncle sont traités comme des clandestins".

L'idée pourrait le faire sourire, mais il n'en a guère l'envie. Il explique que cet oncle, marié à la sœur de son père, a déjà voyagé en Europe. "Il est chef d'entreprise et gagne bien sa vie" précise-t-il. Il souligne que, sur le passeport biométrique de l'une des deux cousines, figurent les visas des pays européens qu'elle a visités : l'Italie, la Suisse et...la France. "Elle est venue à Paris" indique Gurvan.

"Faire du bruit"

Pour l'heure, le dossier est au point mort. "C'est ubuesque, souffle le journaliste brestois, lequel évoque "la crispation ambiante due au contexte politique" sur les étrangers. Il essaie de trouver une explication rationnelle, or il n'en voit aucune. "J'ai écrit une lettre de recommandation, j'ai donné des garanties à l'ambassade, détaille-t-il. Mon cousin a économisé depuis longtemps pour s'offrir le voyage et venir à mon mariage. Et puis, voilà où on en est !" déplore celui qui a décidé de suivre ce conseil glissé à son oreille :"faire du bruit" pour espérer débloquer la situation.

Depuis la publication de son post sur X, il a reçu de "nombreux messages de soutien", notamment de la part de personnalités politiques françaises. Il ne cache pas qu'il cherche des alternatives pour faire venir sa famille indonésienne dans le Finistère. "On étudie plusieurs pistes : soit les faire atterrir dans un autre pays de l'espace Schengen, soit un recours en justice".

Il espère ne pas avoir à aller jusque-là et qu'une bonne nouvelle arrivera en provenance de l'ambassade de France à Djakarta pour que la famille soit au grand complet le 24 août.

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