Après le non-lieu prononcé par la justice française, les familles des victimes du naufrage du chalutier breton fondaient beaucoup d'espoir sur la procédure lancée en Angleterre. Décues par la juge et inquiètes quant au coût des frais de justice outre-Manche, elles souhaitent se retirer du dossier.
Cela pourrait ressembler cette fois à un début d'épilogue. En 2016, le non-lieu prononcé par les juges français n'avait entamé en rien la détermination des familles des cinq marins disparus dans le naufrage du chalutier breton. L'affaire pouvait rebondir outre-Manche avec la désignation d'un juge-Coroner et l'ouverture d'une procédure d'enquête , l'Inquiest.
" La juge E.Carlyon nous avait fait bonne impression en prévoyant la constitution d'un jury public, l'audition de militaires et l'examen du rapport Ifremer qui confirmait l'implication d'un sous marin" reconnait Thierry Lemetayer, le fils d'un des marins disparus, contacté ce mercredi.
Arrêter les frais
Mais depuis plusieurs mois, la procédure tourne au point mort. Pire, les parties civiles ont l'impression que la juge s'est fait "noyautée" par la Royal Navy.
" La Juge a décidé de poursuive l'Inquiest en se basant uniquement sur le rapport du BEAmer. Autant dire qu'elle aboutira aux mêmes conclusions que la justice française. Pas question de cautionner une pantalonnade. D'autant plus que les frais de justice sont très élevés en Angleterre. En 14 ans, nous avons déjà déboursé plusieurs dizaines de milliers d'euros. Je ne veux pas être un -Denis Seznec bis- . Mon combat pour la vérité se fera désormais sans la justice" explique Thierry Lemetayer.
L'armateur du chalutier breton , Michel Douce, lui, a choisi de poursuivre le combat judiciaire, le volet financier étant pris en charge pour l'instant par les assureurs. Les avocats espèrent encore un témoignage qui pourrait relancer l'affaire.
Intime conviction
En attendant, l'épave du Bugaled Breizh est toujours entreposée au port militaire de Brest. La cour d'appel de Rennes met désormais la pression sur la justice anglaise. Si aucune proposition d'enlèvement de l'épave n'est faite, la destruction du chalutier breton sera ordonnée le premier septembre prochain.
Le Bugaled Breizh partira alors avec son mystère mais laissera une intime conviction chez Thierry Lemetayer: "Dans cette histoire, les victimes ont été méprisées. Pour moi, depuis le début , c'est l'OTAN qui est à la manoeuvre et qui a tout fait pour préserver son image. "