5000 manifestants se sont rassemblés devant l'hôpital de Carhaix ce samedi 18 mars pour la sauvegarde de la maternité. La fermeture annoncée du service le 3 avril a été reportée de deux mois. Pour autant, la mobilisation reste entière : le rapport qui préconise la fin des petites maternités ne passe pas.
Ils sont des milliers à s'être donné rendez-vous ce samedi 18 mars devant l'hôpital de Carhaix. Une foule immense porteuse d'un message clair : la maternité du Centre-Bretagne ne doit pas fermer.
Beaucoup de femmes qui ont accouché à Carhaix mais aussi de nombreux habitants du Centre-Bretagne nés dans cette maternité ou soignés dans cet hôpital se sont joints à la manifestation.
A l'appel d'organisations politiques, syndicales, associatives, 5000 personnes sont venues dire haut et fort leur volonté de préserver un service public de proximité menacé de disparaître.
Car pour les usagers comme pour les syndicats, le compte n'y est pas : à partir du 3 avril, les hôpitaux vont appliquer à la lettre la loi RIST, celle-ci va plafonner la indemnités des médecins intérimaires et donc rendre moins attractifs les remplacements à effectuer dans les structures hospitalières les plus modestes.
Deux mois de répit, et après ?
La direction du CHU de Brest a annoncé avoir pu remplir les plannings d'avril et mai à Carhaix, sauf pour le week-end du 5 au 8 mai. Que devront faire les femmes du centre-Bretagne qui accoucheront ce week-end-là et après mai ?
Pour Jacqueline Mazéas, première adjointe à la mairie de Carhaix, ces mesures provisoires ne suffisent pas. "C'est un maintien à long terme que l'on veut, pas des demi-mesures".
Dans le collimateur des manifestants également, le rapport remis à l'Académie de médecine le 28 février 2023. Son auteur, le gynécologue Yves Ville, chef du service obstétrique de l'hôpital Necker à Paris, préconise la fin des accouchements dans les petites maternités de proximité. Il propose la fermeture de 111 services en France, dont la maternité de Carhaix. Au moins six maternités sont concernées en Bretagne.
Présent dans le cortège, Yann Fanch Durand, co-président du comité de défense de l'hôpital de Guingamp, dénonce "un plan bien calculé de fermeture des petites structures".
On n'est pas des citoyens de seconde zone. On souhaite avoir accès aux soins. Je n'ai pas envie que mes petits-enfants naissent sur le bord de la route ou sur un parking
Yann Fanch Durand, comité de défense de l'hôpital de Guingamp
Le défilé a traversé la ville pour se terminer à la gare. La catapulte, symbole de la précédente lutte, a été ressortie.
Menacée de fermeture en 2008, la maternité avait été sauvée grâce aux immenses mobilisations. Après un répit de quinze ans, les Centre-Bretons reprennent le même combat.