Jacque Pâris de Bollardière est une icône de la non-violence en France. Un des premiers compagnons du général de Gaulle à Londres, il se distinguera notamment par son opposition à l'utilisation de la torture en Algérie par la suite. La ville de Carhaix vient d'inaugurer une statue en son honneur.
Une nouvelle statue vient compléter le Panthéon des plus populaires des Bretons. Elle a été réalisée par le sculpteur Emmanuel Sellier. La municipalité de Carhaix-Plouger a lancé cette initiative en 2014 pour développer un circuit "lié à l'art et au patrimoine de la commune." afin de redynamiser son centre-ville.
Un militaire pas comme les autres
Honneur est donc rendu au général Jacques Pâris de Bollardière. Breton de naissance, en 1907 à Châteaubriant, sa région lui rend hommage à Carhaix.Fils de militaire, il reprend le flambeau familial et sort de Saint-Cyr au début des années 1930 et commence sa carrière dans les armées coloniales.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il participe à la Campagne de France. Après l'armistice il rejoint très vite le général de Gaulle. Embarqué à l'été 1940 sur un chalutier à Paimpol, il rallie Londres, ce qui lui vaut une condamnation à mort par le régime de Vichy.
Durant le conflit, il se distingue dans les rangs des Forces Françaises Libres et ressort en étant l'un des militaire français les plus décorés.
La fille du général de Bollardière se confie sur le parcours de son père, et l'émotion de voir érigée une statue en son honneur à Carhaix.
Ensuite il participe aux guerres coloniales d'Indochine et d'Algérie. C'est durant ces deux conflits que sa part humaniste prend le dessus. Il se prend de sympathie pour le peuple vietnamien notamment.
Icône de la non-violence
En Algérie, Jacques de Bollardière est le seul officier supérieur alors en fonction à avoir condamné ouvertement l'usage de la torture pour soutirer des renseignements. Il a écrit : "je pense avec un respect infini à ceux de mes frères, arabes ou français, qui sont morts comme le Christ, aux mains de leurs semblables, flagellés, torturés, défigurés par le mépris des hommes."Le putsch des généraux en 1961 le fait quitter définitivement l'armée.
Dans la vie civile, il devient une figure de la non-violence en France. Il a notamment participé au mouvement de défense du Larzac à la fin des années 1970.
Ce qui lui vaut le respect de l'Association des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture (ACAT). Créée en 1974 après la guerre du Vietnam, elle milite aussi pour l'abolition de la peine de mort. Présent pour l'inauguration de la statue, Gérard Chevalier est membre du comité directeur de l'ONG. Il l'avoue : "nous n'avons pas l'habitude de rendre hommage à un militaire, mais quel homme exceptionnel !"
Gérard Chevalier, de l'ACAT, rend hommage au général de Bollardière
La statue du général de Bollardière rejoint donc celles des Sœurs Goadec, Bernard Hinault, Jean Robic, Louison Bobet, Lucien Petit-Breton et Anatole Le Braz. Toutes des personnalités bretonnes de renom.