Le rapporteur public de la cour administrative d'appel de Nantes a conclu vendredi au rejet du recours d'une association écologiste opposée au projet de centrale à gaz de Landivisiau (Finistère), au coeur d'enjeux sur l'avenir énergétique de la Bretagne.
Une dizaine de membres de l'association Force 5 ont, à l'issue de l'audience, accroché des banderoles sur les grilles d'entrée de la cour administrative d'appel de Nantes. "Landivisiau doit dire non à la centrale", pouvait-on lire sur l'une d'entre elles.
Les requérants tentent d'annuler l'arrêté ministériel du 10 janvier 2013 autorisant Direct Énergie (Total) à exploiter une centrale de production d'électricité sur cette commune.
Dans ses conclusions, le rapporteur public a toutefois demandé le rejet de cette demande. "L'arrêt n'est pas entaché d'une erreur d'appréciation en ce qui concerne
la protection de l'environnement", a-t-il notamment conclu.
L'escargot de Quimper
L'association écologiste avait mis en avant la présence d'un espèce protégée, l'escargot de Quimper, sur le site retenu pour créer cette centrale thermique.
"Il n'appartient pas aux juges" de se prononcer sur l'utilité du projet dont l'investissement global s'élève à environ 428 millions d'euros, a aussi estimé le rapporteur.
Mais "la transition énergétique, c'est concrètement ça, c'est arrêter de construire des centrales thermiques", a souligné Alexandre Faro, avocat de l'association, évoquant "le dogme" entourant "un projet inutile, coûteux et essentiellement illégal".
Décision début juillet
La décision de la cour administrative d'appel devrait être rendue début juillet.
Dépourvue de centrale nucléaire, la Bretagne ne produit qu'environ 10% à 15% du courant qui y est consommé et importe l'essentiel des régions voisines. Pour remédier à cette situation, un Pacte électrique breton conclu en 2010 prévoyait de nouvelles sources de production d'électricité, dont la future centrale de Landivisiau, de 400 mégawatts, portée par Direct Énergie et construite par Siemens.
Des années de retard
Empêtré dans une bataille juridique, le projet a cependant pris beaucoup de retard: la centrale devait initialement être mise en service à l'hiver 2016-2017.
En février le Conseil d'État avait annulé l'arrêt du 15 mai 2017 de la cour administrative d'appel de Nantes. Cette dernière avait rejeté l'appel formé par Force 5 contre le jugement rendu le 9 octobre 2015 par le tribunal administratif de Rennes, qui écartait leur demande pour irrecevabilité. Le Conseil d'État avait reconnu à l'association son intérêt à agir.
Les opposants à la centrale manifestent régulièrement depuis fin janvier et ont empêché à plusieurs reprises les ouvriers sur place de travailler.