Le port du masque va se généraliser, notamment lors du déconfinement. Des couturières amatrices indépendantes sont déjà mobilisées depuis le début de l'épidémie de coronavirus. Elles aimeraient désormais collaborer avec les pouvoirs publics et être rémunérées.
"J'ai fabriqué 200 masques en tissu depuis le début", explique Gwenn Suanez, professeure de couture dans le Finistère et membre du groupe "L'usine invisible". Elle a même imaginé un patron. "Au départ, c'était dans un souci d'aide auprès de mon réseau. Dès le début, j'ai été sollicitée par des EHPAD." La jeune femme fait maintenant une pause. "Je voulais réfléchir davantage à ce que je faisais, à un produit plus durable, plus confortable." Comme elle, d'autres couturières se sont mobilisées, à leurs frais, pour coudre ces masques pendant cette épidémie de coronavirus.Désormais, avec le port obligatoire du masque qui s'annonce lors du déconfinement, elle aimerait, avec d'autres, que les couturières amatrices ou professionnelles soient reconnues et puissent collaborer avec les pouvoirs publics. Elle remarque surtout que l'enjeu est tel désormais, qu'il en fait perdre la tête à certains. "Sur internet, je vois des choses extrêmement chères, jusqu'à 35 euros, dans des tissus d'ameublement...Cela devient absurde, il y a des normes à respecter, même pour un masque en tissu" lance-t-elle.
"Face à l'immensité de la tâche, il faut avoir recours aux couturières amatrices" dit-elle. "Nous on propose d'animer un réseau, en surveillant la qualité, en expliquant un savoir-faire."On n'a pas d'ambition commerciale, plutôt l'envie de travailler avec les collectivités territoriales
"Structurer l'élan solidaire"
Gaëlle Vigouroux, conseillère régionale dans le Finistère abonde dans le sens de cette démarche. Elle aussi constate l'élan de solidarité qui s'est mis en place, de "façon complètement altruiste" pour répondre à une urgence. Mais pour elle, il faut structurer les choses "dans le bon sens, notamment concernant l'approvisionnement en tissu. On ne fait pas un masque n'importe comment. Jusque-là, ces femmes paient elles-mêmes leurs matières premières."
Elle souligne l'importance de proposer un produit fiable : "Quand viendra le déconfinement, il y aura deux types de population à équiper, ceux qui travaillent et les autres. Ce n'est pas la même chose de porter un masque une heure pour aller faire ses courses, que d'en porter un huit heures."L'élan est génial, il ne faut pas le casser, le plan B c'est la production locale
Gaëlle Vigouroux estime que les couturières amatrices et professionnelles doivent être rémunérées : "Toute personne qui travaille mérite salaire." Elle a engagé des discussions avec le Conseil régional et espère que l'intelligence collective fera le reste.