Après les masques, les couturièr(e)s sont appelé(e)s à la rescousse pour des sur-blouses lavables. Pénurie oblige, le CHRU de Brest a fait appel via les réseaux sociaux à toutes celles et ceux qui pourraient mettre leur savoir-faire et leur machine à coudre au service du personnel soignant.
Pour les masques, certaines avaient pris les devants. Quand les autorités sanitaires ont finalement admis que, face à la pénurie, les masques alternatifs en tissu lavable valaient mieux que rien, les couturières avaient déjà commencé à en confectionner. Dans des entreprises de confection comme Armor Lux ou Dolmen, dans des ateliers municipaux comme ceux de la Ville de Rennes, mais aussi à la maison. Professionnelles ou pas, jeunes ou retraitées, voilà les couturières à l'action !
Couturières solidaires
Un réseau de "couturières solidaires" a même été créé sur facebook. Pour protéger les caissièr(e)s, ambulancier(e)s ou autres salariées exposé(e)s au coronavirus, ce mouvement international se mobilise. Il est très actif en Loire-Atlantique, en Ille-et-Vilaine, mais aussi dans le Morbihan. Les réseaux sociaux permettent de mettre en relation les commanditaires (collectivités, ehpad, associations...) et les fabricant(e)s bénévoles.
Et maintenant, des blouses !
"Le CHRU de Brest recherche des couturières ou des personnes qui ont des talents de couturière pour fabriquer des sur-blouses en grande quantité". Cette annonce en forme d'aveu parue mercredi sur facebook aurait pu paraître complètement surréaliste il y a encore un mois. Mais le contexte actuel a fini par nous habituer au constat de pénurie. La polémique sous-jacente sur les moyens affectés aux hôpitaux ne pourra qu'exploser le jour d'après, mais dans l'urgence, place à la réactivité, à l'humilité, et à l'efficacité de la solidarité. A peine paru cet appel à l'aide, le numéro indiqué a été submergé de propositions. Il s'agit d'engager immédiatement la fabrication de blouses à usages multiples. "La matière première et le patron vous permettant de confectionner ces sur-blouses seront fournis par le CHRU de Brest." précise le communiqué.
Un appel qui indigne le syndicat Sud Santé Sociaux, qui se dit "inquiet de la situation" et "interloqué" que l'hôpital de Brest fasse "appel aux bonnes volontés de couturières pour pouvoir protéger les agents du Chru", et qui parle de "bricolage". Un syndicat qui demande à ce que tous les agents de l'établissement soient protégés.
Petites mains bénévoles... et demain?
Anne, une jeune couturière morbihanaise qui a dû se reconvertir après avoir essayé de monter son atelier de confection, espère que cet épisode mettra en évidence "le côté indispensable de ce savoir-faire". "Il faut que cela fasse réfléchir tous ceux qui ne regardent jamais l'étiquette quand ils achètent à bas prix des vêtements importés d'Asie. Il faut valoriser ces métiers, les rémunérer. Acheter moins souvent, mais du local. Il y a plein de raisons écologiques et humaines pour le faire mais jusqu'ici, on prêchait dans le désert... Aujourd'hui, en temps de crise, on se rend compte qu'on a besoin de nous, sinon on est... déshabillés, pour parler poliment".
Les costumières de l'Opéra de Rennes mobilisées pour fabriquer des masques
La ville de Rennes produit déjà des masques en tissu dans ses ateliers municipaux. Pour augmenter sa capacité de production, elle mobilise désormais les costumières de l'Opéra, pendant l'épidémie de Covid-19.Dans un communiqué, la maire PS de Rennes annonce que la ville « travaille à doter chaque habitant de masques en tissu. Des contacts ont été établis avec des entreprises locales, qui réorientent leur production de manière à répondre à cet enjeu ». Nathalie Appéré estime qu'il "semble désormais acquis que leur port systématique dans l'espace public contribue à limiter la propagation du virus» et l'élue d'indiquer que «les premiers ont été distribués aux agents travaillant auprès des personnes âgées».