Ce samedi 26 février, Den Paolig reprend du service. Coup d'envoi des Gras de Douarnenez. Un rite, une fête qui unit toute une communauté à la pointe bretonne.
Sous son casque de cosmonaute improvisé, il peine à respirer. Ce sont les derniers préparatifs et pour rien au monde, Jean-Pierre Poënet ne raterait les Gras de Douarnenez. Il a commencé à 4 ans déguisé en Ivanhoé. Aujourd’hui il en a 63 et n’a manqué qu’un défilé. Cette année-là, il avait la clavicule cassée.
"Quand on fait un personnage, il faut bien l’interpréter, s’amuse Jean-Pierre. Si tu trouves un truc qui fait rire le public, tu le reproduis. L’intérêt des Gras, c’est de sentir que le public participe à ton délire."
Den Paolig, le bouc émissaire de la cité
Ce samedi 26 février et pendant 5 jours, une fois encore, la cité portuaire de la pointe bretonne fera la fête. Comme d’habitude, le Den Paolig surveillera les fêtards du haut de la place de halles avant d’être brûlé à la fin des festivités. Cette immense statue de papier mâché et de ferraille porte tous les problèmes de la communauté.
"Douarnenez est une communauté très soudée, explique Alain Le Doaré. On peut parler d’une insularité sociologique. Cette communauté a ses rites et un des rites dans toutes les sociétés traditionnelles c’est d’avoir un bouc émissaire, une personne sur laquelle on va projeter tous ses problèmes."
Une fête transgressive
L’historien a co-écrit un livre consacré aux photographies d'Henri Le Brusq, photographe douarneniste des années 1950/1990. Geneviève Planchette, la fille du photographe a participé à cet ouvrage où figurent de nombreux clichés du carnaval.
"Douarnenez était une ville chrétienne où le christianisme, ses rites, ses calendriers avaient une importance incroyable, resitue l’historien. Donc les Gras, la fête qui va transgresser cette chrétienté est d’autant plus importante."
Et des transgressions, il y en aura durant ce carnaval essentiellement dans deux domaines : le sexe avec des hommes déguisés en femmes. Autre thème favori des carnavaliers : la religion. "On va trouver des papes, des curés, des bonnes sœurs, des évêques…, souligne l’historien Alain Le Doaré. En résonnance avec l’importance considérable qu’avait l’Eglise."
Deux costumes par jour
Dans son garage, Jean-Pierre Poënet continue ses essayages de costumes. C’est que tout festivalier qui se respecte en portera un différent chaque jour. Le voilà chevalier.
Mais il craint déjà l’après carnaval : "Il faut 15 jours pour récupérer. Ce n’est pas faire les Gras qui est dur, c’est récupérer après. C’est là qu’on voit le temps qui passe."
Une chose en revanche ne varie pas : son plaisir à participer à cette fête, comme son père avant lui.