Pour contrer la propagation du coronavirus, il est notamment recommandé d'aérer les pièces. L'Etat incite aussi les communes à s'équiper de capteurs de CO2. Des indicateurs utiles, mais sont-ils indispensables ? Réponses, différentes, à Gouesnach et Quimper.
Vert : tout va bien. Orange : aérer serait une bonne idée. Rouge : il faut renouveler l'air de la pièce. Les voyants sont clairs et visiblement déjà bien intégrés par les enfants de l'école publique de l'Odet, à Gouenac'h dans le Finistère.
Quand faut-il aérer ?
"Ah oui oui, des fois je ne m'en rends pas compte, ils ouvrent la porte, raconte Gislaine Dupuis, la directrice. Au début c'était un peu bruyant, et maintenant ça se fait naturellement, Voyant orange, on ouvre. C'est plus précis et moins de perte d'énergie pour le chauffage".
Depuis début janvier, des capteurs de CO2 ont été installés par la mairie de cette commune finistérienne de 2.700 habitants.
On le sait maintenant : le coronavirus se propage par gouttelettes diffusées dans l'air. Or plus le taux de dioxyde de carbone est élevé dans une pièce, plus le risque de concentration de ces gouttelettes émises lorsqu'on respire, est élevé. Il est donc recommandé d'aérer. Mais quand ? Et combien de temps ?
L'achat est-il incontournable ?
Les capteurs de CO2 sont des indicateurs pertinents. Ils permettent d'aérer plus régulièrement et moins longtemps. La commune qui a décidé d'installer 24 boîtiers pour un coût d'environ 4.000 €. "L'idée, c'est de faire ce qu'on peut pour améliorer la situation des enfants", explique Jean-Pierre Marc, le maire de Gouesnac'h. A partir de là, pour une somme relativement modeste, subventionné par l'Etat en partie, y a pas de raison de s'en priver."
Mais dans les plus grandes communes, la question se pose différemment. Illustration dans cette école de Quimper, où on expérimente un système double-flux qui ventile l'ensemble du groupe scolaire.
Le volume d'air serait renouvelé jusqu'à trois fois par heure. La municipalité assure prendre en compte la qualité de l'air, avec la présence du radon dans la région. Pour le CO2, elle a décidé d'expérimenter les capteurs dans quelques écoles seulement : "Aujourd'hui, dans les écoles, toutes les écoles, les fenêtres sont ouvertes, l'aération est faite. On a tous intégré depuis 2 ans que ça fait partie des gestes barrière. Les capteurs seront un élément, qu'on va tester, expérimenter", explique Laurence Vignon, adjointe au maire de Quimper, chargée de l'éducation.
"Ce qu'il faut aussi dire c'est que c'est un coût pour la ville !" précise l'élue qui a estimé à 110.000 euros l'achat de capteur pour la ville de Quimper.
L'Etat participe, mais...
L'Etat subventionne à hauteur de 50€ le boitier. Cette subvention exceptionnelle permet bien aux maires de se faire rembourser une partie de la facture, mais les capteurs valent souvent bien plus cher.
Un groupe de chercheurs intitulé Projet CO2 a dressé une liste d'appareils de confiance que l'on retrouve sur un site internet, par ailleurs recommandé par le ministère lui-même, dans une "fiche repères dédiée à l'enjeu de l'aération". Un appareil chinois y est affiché à 100 euros. Le moins cher des capteurs français est à 300 euros et le plus haut de gamme est un capteur allemand à 600 euros.
Aujourd'hui, seulement 20% des collectivités en sont équipées.