Déconfinement : la double peine des propriétaires de mobil-home

Le déconfinement progressif est esquissé. Plus besoin d'attestation pour rejoindre sa résidence secondaire si elle se situe à moins de 100 km. Mais une double peine frappe les propriétaires de mobil-home qui vont devoir patienter encore avant de retrouver leur lieu de villégiature. 

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A partir du 11 mai, les règles du confinement vont s'assouplir. L'attestation de sortie ne sera plus obligatoire et chacun pourra s'aérer à l'extérieur au delà d'une heure.

Mais le Premier ministre a tout de même limité les déplacements à un périmètre de 100 km autour du domicile, dans le département. Chanceux seront donc les propriétaires de résidences secondaires possédant maison ou appartement dans cette zone. Moins, ceux de mobil-home.

Pourtant, ce mode de villégiature séduit de plus en plus en Bretagne (+7,3% de mobil-home par rapport à 2018). La région compte 19 820 emplacements pour maison-mobile soit 30% de l'offre d'hôtellerie de plein-air.
 

"On a choisi ce camping parce qu'il est à moins d'une heure de chez nous"


Il y a un an, Patricia le Drean et son conjoint ont acheté un mobil-home à Clohars-Carnoët, dans le Finistère. "On ne voulait pas dépasser l'heure de route, c'est à peine à 90 km de chez nous." Cette proximité accommode cette mère de deux jeunes enfants qui ne comprend pas pourquoi elle ne peut pas jouir de ce bien qu'elle a acquis. "Le propriétaire d'un appart en dur à 200 m pourra y aller et nous, 200 m plus loin dans le camping, on ne pourra pas accéder à notre résidence. Si on a choisi le mobil-home, c'est aussi parce qu'on n'avait pas les moyens d'acheter une résidence secondaire en dur. C'est injuste, d'autant qu'avec un mobil-home la distanciation est facile. On a notre cuisine, nos sanitaires."

Les propriétaires de résidences mobiles se voient donc doublement limités dans l'accès à leur propriété de villégiature. Parce que la limite des 100 km s'appliquent à eux, comme à tous les autres.
Mais aussi parce que les campings sur lesquels sont située leur maison mobile sont considérés comme des établissements d'hôtellerie de plein-air, selon le code du tourisme. Aussi, les propriétaires de mobil-home ne détiennent que le mobilier et non la parcelle sur laquelle la maisonnette est située.
 

Une date d'ouverture encore incertaine


L'hôtellerie de plein-air a été rangée au côté des hôtels, cafés et restaurants quant à leur date de réouverture. Pourtant, les professionnels du secteur réunis autour de la Fédération nationale de l'hôtellerie de plein-air (FNHPA) essaient de plaider leur cause auprès du gouvernement.
 
Certification des procédures de désinfection par des organismes agréés, fermeture des épiceries, piscine, bar et autres lieux partagés, la liste des propositions des représentants des campings est longue, pour tenter de convaincre les pouvoirs publics de les laisser rouvrir plus tôt.
 
"Que la piscine et les restaurant soient fermés, ce n'est pas grave. Passer quelques jours dans mon mobil-home, c'est un ballon d'oxygène pour ma santé," explique Serge Guilbaut, propriétaire d'une maison mobile depuis 5 ans. Le chef d'entreprise de Dinard a continué son activité pendant le confinement, à un rythme élevé. "Si on nous demande de mettre le masque dans le camping, je le mettrai sans problème, mais j'ai besoin de décompresser. J'avais d'ailleurs prévu de venir pendant le week-end de l'Ascension."

Comme Serge Guilbaut et Patricia Le Drean, les propriétaires de mobil-home sont nombreux à choisir cette résidence de villégiature dans la région où ils vivent explique Sylvie Henry de l'Union nationale des campings et des parcs résidentiels (UNAPAREL). "C'est surtout le cas dans le nord de la France et dans la grande périphérie de l'Île-de-France mais on l'observe aussi en Bretagne. Les gens veulent pouvoir accéder à leur mobil-home pour un week-end."

D'autant qu'en juin, donc en dehors des vacances scolaires, les campings ne sont pas remplis. "Nous sommes entre propriétaires, on n'est pas les uns sur les autres," lâche un brin ironique Patrick Penaguin, propriétaire de mobil-home depuis 15 ans.


L'esprit camping à l'épreuve du confinement


"Je ne suis pas à 15 jours près, je peux encore attendre un peu" affirme Serge Guilbaut. Même s'ils ne pourront pas rejoindre leur "petit coin de paradis" avant un moment, aucun des propriétaires de mobil-home contactés n'envisage de demander un remboursement du loyer qu'ils paient pour occuper la parcelle. "Ils [les gérants de camping] sont dans une situation très compliquée. Demander un remboursement, je n'y ai même pas pensé," reconnaît Patricia.

"Peut-être pourront-ils élargir les dates d'ouverture l'année prochaine et ouvrir jusqu'au mois d'octobre. Mais de toute façon, il y a des choses plus graves dans la vie" conlue Serge Guilbaut.
 
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