200 ostréiculteurs se sont rassemblés à Morlaix pour dénoncer la dégradation de la qualité sanitaire des eaux. Depuis le 21 février, un arrêté préfectoral interdit le ramassage et la commercialisation des coquillages dans la baie de Morlaix. D’autres baies vont suivre préviennent les conchyliculteurs. Les assainissements et les stations d’épuration sont trop vieux ou mal dimensionnés, affirme le Comité régional de la conchyliculture, mais nous on veut travailler !
"Avant la baie de Morlaix était une des meilleures baies de Bretagne, maintenant elle est classée insalubre, c’est affreux" s’indigne Goulven Brest, le président du Comité régional de la conchyliculture Bretagne Nord.
"Ca a été une dégradation lente, mais inexorable. Quand on a une population qui augmente, il faut investir dans l’assainissement, dans les stations d’épuration, sinon, tout part dans l’eau de mer, c'est obligé " dénonce-t-il.
Symboliquement, les conchyliculteurs ont érigé un mur constitué de bourriches d'huitres et de toilettes.
Comme pour lui donner raison, il y a quelques jours, les services de l’état ont constaté une contamination microbiologique sur les huitres et les palourdes de la baie. Le préfet a pris un arrêté interdisant "le ramassage, le transport, la purification, l’expédition, le stockage, la distribution, la commercialisation et la mise à la consommation humaine de tous les coquillages de cette zone." Toutes les entreprises ostréicoles de la zone ont dû fermer pour au moins un mois. "Elles ne peuvent plus rien faire, ni travailler, ni vendre ! "s’agace Goulven Brest.
Jean-Yves Piriou, le vice-président de l’association Eau et rivières de Bretagne confirme "80 % des pollutions marines viennent de la terre. "Il est venu apporter son soutien aux hommes de la mer. "Une station d’épuration qui fonctionne mal, ce sont nos déjections et des bactéries ou des virus qui partent dans la mer, des Escherichia coli, des norovirus… etc…"
"Et ensuite, nous, on ferme", enrage Marc Le Provost venu de Carantec. "Nos coquillages filtrent l’eau alors évidemment si l’eau n’’est pas bonne…"
Les conchyliculteurs ont été reçus et ce soir, dans un communiqué, le préfet du Finistère annonce qu’il a décidé "d’affecter 20 % de la dotation d’équipement des territoires ruraux aux investissements des collectivités en matière d’assainissement. Cette enveloppe de 2,7M€ viendra renforcer les initiatives locales qui ont déjà été aidées à hauteur de 11,2M€ par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne pour la période 2019-2021."
Le Préfet soutient également "la mise en place la phase opérationnelle du nouveau contrat de rade de Brest pour améliorer de la qualité des eaux et des écosystèmes de la rade."
Des sentinelles de la mer
Jean-Yvon Coatanlem est mytiliculteur dans les Côtes d’Armor. "Nous sommes un peu les sentinelles de la mer, expose-t-il. A terre, quand les abeilles sont malades et meurent, ça se voit, mais en mer, on ne mesure pas l’étendue des dégâts quand il y a des rejets de déjections ou de produits chimiques, on ne mesure pas, mais nous on sent ! On voit des maladies apparaître, des animaux qui poussent moins bien. Il faut que l’on nous écoute.'"
Le préfet l’assure, les services de l’État sont "mobilisés pour apporter leur expertise dans le cadre de la réalisation de diagnostics territoriaux qui déboucheront sur des actions concrètes qui permettront de diminuer l’impact des activités humaines sur les milieux naturels.'
"Des actions, indique la préfecture du Finistère, sont mises en œuvre avec les représentants de la filière,l’objectif commun étant la pérennisation de cette activité structurante du littoral finistérien."