Jusqu'au samedi 25 août, les peuples des Congo(s) ont rendez-vous à Douarnenez (Finistère) pour la 41ème édition du festival de cinéma.
Depuis vendredi 17 août, le festival de cinéma de Douarnenez offre l'occasion de découvrir le cinéma et les talents des deux Congo(s), la République démocratique du Congo et la République du Congo (appelé de manière informelle Congo-Brazzaville), deux pays à l'actualité souvent tragique.
En 40 ans, "nous nous sommes rendus compte que nous nous étions très peu intéressés à l'Afrique sub-saharienne et qu'il était grand temps", explique à l'AFP Yann Stéphant, directeur depuis cinq ans de ce festival hors norme.
Jusqu'au 25 août, 80 films, documentaires ou fictions, et sans doute autant de débats, sont proposés à Douarnenez pour tenter d'apprivoiser cette immensité d'Afrique centrale.
Bande annonce - 41ème Festival de Cinéma de Douarnenez from Festivaldz on Vimeo.
Des jeunes talents
"On accueille beaucoup de jeunes créateurs", se réjouit le responsable du festival. A l'image de Machérie Ekwa Bahango, une jeune réalisatrice dont la première fiction figure dans la sélection panorama à la Berlinale 2018. À travers le portrait d'une jeune fille, "Maki'la", tourné à Kinshasa, met en scène la survie au quotidien des enfants des rues, entre violences faites aux femmes, pauvreté et délinquance.
Le festival permet aussi de (re)découvrir quelques raretés, tel ce documentaire de 1953, "Les statues meurent aussi", signé Chris Marker, Alain Resnais et Ghislain Cloquet. Ou, celui en 16mm, de Mweze Ngangura (présent à Douarnenez), "Kin kiesse ou les joies douces amères de Kinshasa-la-belle" (1982), ou encore l'oeuvre du réalisateur haïtien Raoul Peck, "Lumumba, la mort d'un prophète" (1992) sur cette figure charismatique de l'histoire congolaise, assassinée en 1961.
Débats sensibles
Mais Douarnenez ne serait rien sans ses éternels débats jusqu'à plus d'heure. "C'est vrai qu'une de nos spécificités, ce sont ces espaces de paroles souvent assez politiques", euphémise Yann Stéphant. Parmi ceux qui n'ont as été contraints à l'exil, ce sont des débats parfois sensibles pour des intellectuels ou des artistes soumis à des régimes pointés du doigt par les organisations de défense des droits de l'homme.
Deux républiques "autoritaires"
D'un côté du fleuve Congo et de ses 4 300 kilomètres, la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) et ses 78 millions d'habitants, sur plus de quatre fois la superficie de la France; sur l'autre rive, la République du Congo et ses 5 millions de citoyens sur 345 000 km2. Et deux capitales, Kinshasa et Brazzaville, qui se font face, séparées par le fleuve.
Après moult tergiversations, des élections présidentielles sont prévues en décembre en RDC, dont l'Est particulièrement, reste miné par la violence de groupes armés. Son président, Joseph Kabila, au pouvoir depuis l'assassinat de son père en 2001, vient de faire savoir qu'il ne se représenterait pas, conformément à la Constitution.
Dernier épisode de violence en date en République du Congo, où Denis Sassou Nguesso affiche 34 ans de présidence, le gouvernement a reconnu la mort de 13 jeunes dans un commissariat fin juillet.
Deux pays aussi dont les riches sous-sols attirent les convoitises.
Pour Yann Stéphant, la situation est différente bien qu'il s'agisse dans les deux cas de "régimes autoritaires". En RDC (Kinshasa), "il y a énormément de mouvements citoyens" alors qu'au Congo Brazzaville, il y a "une vraie chape de plomb". De ce fait, "les artistes ont d'autant plus de poids". Les représentants de la société civile et les artistes présents livreront leurs témoignages aux débats.