Le ministère de la Culture a lancé un appel au mécénat d'entreprise pour permettre au Musée d'Orsay d'acquérir un tableau de 1888 du peintre Emile Bernard, "tournant historique dans le dépassement de l'impressionnisme", selon un avis paru au Journal Officiel.
La toile, "Les Bretonnes dans la prairie ou Le Pardon", est une "oeuvre majeure de la modernité picturale" et "un jalon dans le dépassement de l'impressionnisme et un manifeste du synthétisme dont Emile Bernard et Paul Gauguin développent le style à Pont-Aven", relève le ministère.
Selon l'avis officiel, ce tableau "forme comme un diptyque" avec "La vision d'après le Sermon" réalisée par Gauguin (National Gallery of Scotland, Edimbourg). Ces deux tableaux "affirment une radicalité nouvelle par la brutalité des formes, la schématisation des contours, l'usage des couleurs en aplat, les déformations iconoclastes".
Un appel lancé aux entreprises
Cet appel a été lancé aux entreprises par Françoise Nyssen alors qu'elle était encore ministre, pour qu'elles "participent à l'acquisition par l'Etat, pour le Musée d'Orsay, au prix de 4 millions d'euros". L'identité de l'actuel détenteur n'a pas été révélé: "de provenance prestigieuse, cette oeuvre essentielle d'Emile Bernard (1868-1941) représente le dernier tableau de l'artiste de cette qualité encore en mains privées dont l'acquisition constituerait un enrichissement considérable pour les collections nationales affectées au musée d'Orsay".
Emile Bernard et la Bretagne
Emile Bernard était très lié à la Bretagne. A 18 ans, il avait quitté Paris et rejoint à pied la Bretagne. Son ambition était alors de rendre compte sur la toile de la chaleur accablante de cet été 1886 et de la quiétude des jeunes Bretonnes. A Pont-Aven, il avait rencontré Gauguin. Ensemble, ils avaient donné naissance au symbolisme qui mènera au synthétisme. En 1891, les deux hommes s'étaient fâchés. Emile Bernard accusait Gauguin de s'attribuer tous les mérites des inventions du groupe.
Car s'il est devenu naturel d'attribuer la paternité de la fameuse "école de Pont-Aven" à Gauguin, ce sont bien trois peintres qui en sont les vrais instigateurs. Gauguin, Louis Anquetin et Emile Bernard.
Le musée d'Orsay possède déjà le tableau "Madeleine au Bois d'Amour" d'Émile Bernard, daté de 1888, il avait été prêté au Musée de Pont-Aven l'an dernier.
Le musée de Pont-Aven, partenaire du Musée d'Orsay, possède une quinzaine d'oeuvres d'Emile Bernard.