La Finistérienne Charlène Odin est sélectionnée dans l'équipe de France de karaté dans la catégorie para-karaté et s'envolera pour les championnats du monde qui auront lieu à Dubaï en novembre. Son objectif ? La plus haute marche du podium et prendre sa revanche sur les Canadiennes.
La Guilérienne Charlène Odin s'apprête à disputer les mondiaux de para-karaté (karaté adapté aux personnes en situation de handicap) qui auront lieu à Dubaï du 16 au 21 novembre. La jeune femme de 29 ans compte bien remporter le titre dans sa catégorie : handicap mental / femme. Elle est atteinte du syndrome de West depuis sa naissance, une forme d'épilépsie rare qui entraîne des retards sur le plan moteur et intellectuel.
Ceinture noire, premier dan
Charlène débute le karaté à l'âge de 12 ans. Dans la famille, sa petite soeur Céline le pratique déjà. Leur père affiche aussi une passion pour les sports de combat. "Un jour, elle a dit qu'elle aimerait en faire", raconte Céline. Le club de Guipavas l'accueille, une entraîneur la prend sous son aile et la soutient depuis toujours. En 2015, elle découvre le para-karaté en participant à une première compétition adaptée où elle termine vice-championne de France.
Pour elle et sa famille, le milieu handisport représente une véritable découverte. Le para-karaté n'existe pas encore vraiment en Bretagne à l'époque. "Les compétitions dans le milieu valide n'étaient pas toujours simple pour Charlène et pas toujours synonymes de bons souvenis. Les arbitres ne faisaient pas attention quand ils donnaient des consignes alors qu'ils étaient prévenus" se souvient Céline. "Le para-karaté, pour elle maintenant, c'est plus de plaisir et c'est plus équitable".
En 2017, elle finit première à la Coupe de France, en 2018 première aux championnats de France, idem en 2019. Elle obtient également le titre aux championnats d'Europe en 2019, en Espagne. Aujourd'hui, elle est ceinture noire, premier dan.
En plus de son travail en ESAT (Établissement et service d'aide par le travail), Charlène fait du karaté 1 h 30 tous les jours, pas plus car "il faut la garder concentrer". Sa soeur se tient toujours à ses côtés, l'entraîne et l'accompagne aux compétitions. "On a toujours été très proches. Pour moi c'était normal de m'impliquer autant. Le but c'est qu'elle soit heureuse dans ce qu'elle fait, qu'elle s'épanouisse", relève Céline simplement.
Spécialiste du shukokai
Son handicap ne permet pas à Charlène de combattre. Spécialiste du karaté shukokai, elle réalise des katas, un enchaînement de techniques codifié, une suite de mouvements à réaliser contre un partenaire imaginaire mais qu'il faut rendre très présent.
Le karaté stimule Charlène intellectuellement, lui impose un rythme. "Il faut que ce soit répétitif", explique Céline. Physiquement, il lui permet de travailler son équilibre, ses repères dans l'espace. Son entrée dans l'équipe de France en 2018 lui a aussi fait gagner de l'assurance.
Je veux prendre ma revanche sur les Canadiennes
Pour Dubaï, elle a déjà choisi le kata qu'elle présentera, "un kata long et puissant, ça lui correspond bien. Il faut bien qu'elle le mémorise et ça fait travailler son cardio.", note Céline. Charlène compte surtout prendre sa revanche face aux Canadiennes. Lors des derniers mondiaux en 2018 en Espagne, elle avait terminé 4ème, à 0,02 points de ses adversaires.
A l'avenir, Charlène espère pouvoir être davantage reconnue. Pour le moment, le ministère des Sports n'inclut pas le para-karaté comme discipline permettant d'obtenir le statut de sportif à haut niveau. En attendant, elle espère une élection pour les championnats d'Europe en Turquie, en 2022.