La vedette « Enez Sun » ne navigue plus depuis mardi 26 février après un choc au niveau de l’hélice. Le bateau qui la remplace a circulé jusqu’à vendredi. Mais depuis, plus aucun ne dessert l’île. La compagnie Penn ar Bed annonce la reprise des liaisons pour mercredi après-midi.
Nelly Milliner n’en revient toujours pas. Samedi 2 mars, cette commerçante, propriétaire d’une boutique de vêtements marins et de produits régionaux sur l’île depuis 8 ans, attendait l’arrivée des touristes en villégiature pour le week-end et pour les locations à la semaine. En vain.
"J’ai ouvert samedi, mais il n’y a eu strictement personne. Pas de bateau donc personne n’a pu venir. Et comme les gens prennent des locations du samedi au samedi, c’est une semaine de perdue. Hier et aujourd’hui, je n’ai pas ouvert du tout", raconte t-elle.
Cette habitante de l’île depuis 15 ans a fait ses comptes : un préjudice de 1650 euros, soit un tiers de son mois. Et un quotidien forcément chamboulé sur l’île.
"Nous n’avons pas de pain, pas de journaux, pas de courrier. Heureusement que les jeunes qui ont repris l’épicerie ont bien achalandé leurs rayons, témoigne-t-elle. On se sent seul et abandonné".
Pourtant habituée aux soubresauts de la météo, Nelly Milliner est cette fois-ci en colère pour une autre raison : "Les aléas des îles, on connait, on comprend bien qu’on puisse être bloqué par le mauvais temps. Mais là, ce qui nous agace, c’est que ce n’est pas un problème de météo."
Une analyse de la situation partagée par Dominique Fouquet, hôtelière et présidente des commerçants. "Quand il y a du gros temps, j’adore l’ambiance. Mais quand ce n’est pas pour des bonnes raisons, on n’apprécie pas cette absence de liaisons" explique-t-elle.
Car pour les deux habitantes, le fautif porte un nom : le Petrel. Le bateau qui remplace la vedette « Enez Sun » en réparation depuis mardi, ne conviendrait pas, selon elles.
"Il n’est pas marin. Dès qu’il y’a un tout petit peu de mauvais temps, de la houle, on ne se sent pas en sécurité. Si l’Enez Sun était là, sans problème il serait venu samedi. Et aujourd’hui aussi", assure Dominique Fouquet.
La Penn Ar Bed réfute tout problème de bateau
Une version réfutée par la Penn Ar Bed, la compagnie qui détient le bateau. Cette filiale de Keolis assure les liaisons quotidiennes vers les îles de Sein, Molène et Ouessant, dans le cadre d'une délégation de service public.Pour elle, les conditions météorologiques sont bien les seules responsables de l’absence de desserte depuis samedi.
Le bateau le Petrel, acquis par la compagnie fin 2016, n’est pas en cause.
"Le Petrel n’est pas un bateau tout temps, confirme Philippe Grall, directeur de la société Penn Ar Bed. Mais c’était aussi le cas du bateau de remplacement précédent, le André Colin. Il n’y a pas de sujet", affirme-il.
Une explication qui ne convainc pas Dominique Fouquet : "Le André Colin était certes peu confortable, mais il aurait pu tout à fait circuler dans de pareilles conditions. On ne nous dit rien. On n’est vraiment pas des partenaires de la Penn Ar Bed", regrette t-elle.
"On a l’impression de revenir 30 ans en arrière avec un bateau qui n’arrive pas à naviguer jusqu'à l'île", conclut Nelly Miliner, fataliste.