Confrontés à une mauvaise récolte et aux dégâts provoqués par la fièvre catarrhale ovine, les Jeunes agriculteurs et la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) organisent une action ce jeudi 31 octobre 2024 devant la préfecture de Charleville-Mézières (Ardennes). Ils attendent des réponses du gouvernement pour améliorer leur situation.
Se dirige-t-on vers une nouvelle saison de mobilisation pour les agriculteurs ? Alors que les syndicats majoritaires appellent à une "reprise des actions à partir du 15 novembre", dans les Ardennes, la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) et les Jeunes agriculteurs prennent les devants. Ils organisent une première manifestation jeudi 31 octobre 2024 à 10h30 devant la préfecture de Charleville-Mézières (Ardennes).
"C'est une mise en garde pour faire monter la pression", explique à France 3 Champagne-Ardenne Vincent Tailliart, président des Jeunes Agriculteurs des Ardennes. "Nos revendications sont les mêmes qu'au printemps, car il y a eu peu d'avancées. Le mécontentement est général." "C'est un coup de semonce", renchérit Thierry Huet, président de la FDSEA des Ardennes, qui alerte sur les "très grandes difficultés" rencontrées par les agriculteurs ardennais.
À cause des mauvaises conditions climatiques, les récoltes de céréales et de fourrages sont " catastrophiques. Certains agriculteurs n'ont toujours pas récolté leurs herbes, car les parcelles sont trop humides. Et la production moyenne de blé a chuté de 25% en 2024 dans le département", indique-t-il.
La production moyenne de blé a chuté de 25% en 2024 dans le département.
Thierry Huet, président de la FDSEA des Ardennes
Les éleveurs, déjà mobilisés en janvier 2024, font aussi face aux dégâts causés par la fièvre catarrhale ovine, un virus qui fait des ravages dans les élevages ovins et bovins depuis cet été. "Près de 100% des élevages sont désormais touchés", indique Vincent Tailliart. Avec pour conséquences une baisse de la production laitière, et un impact négatif sur la reproduction des béliers. "Près de la moitié d'entre eux est devenue stérile", s'inquiète Vincent Tailliart.
Le gouvernement attendu au tournant
Mais les raisons de la colère des agriculteurs sont aussi structurelles, avec des prix de vente des produits agricoles toujours trop bas par rapport aux coûts de production. Avec l'inflation, leurs charges ont explosé et la rentabilité des exploitations est de plus en plus difficile à atteindre. "Si on ne fait rien, un quart des exploitations agricoles ardennaises pourraient être rayées de la carte très rapidement", prévient le président de la FDSEA des Ardennes à la veille de la manifestation (voir son emplacement sur la carte ci-dessous).
Dans ce contexte, le projet de traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Marché commun du sud (Mercosur, comprenant Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie), qui pourrait être ratifié par Bruxelles mi-novembre, est aussi perçu comme une ligne rouge pour ces agriculteurs. "On nous impose toujours plus de normes, et de l'autre côté on nous dit qu'on va signer un traité de libre-échange avec des pays à l'autre bout du monde, qui produisent n'importe comment", dénonce Vincent Tailliart.
Ces deux syndicats attendent que le gouvernement tienne ses engagements en matière de simplification des normes, notamment sur la directive nitrate, et sur la réglementation des haies. "Il nous faut des réponses urgentes d'ici à mi-novembre. Sinon, on repart sur une campagne de mobilisation beaucoup plus lourde", alerte Thierry Huet.