"Il y a une grogne qui dure" : le mouvement de colère des agriculteurs va-t-il faire tache d'huile en Champagne-Ardenne ?

Le Premier ministre reçoit ce lundi les représentants de syndicats agricoles. En Champagne-Ardenne, des actions d'ampleur sont déjà imaginées. "Si le dialogue ne suffit pas, on mènera des actions concertées entre les départements", affirme le président de la FDSEA en Haute-Marne.

Est-on à la veille d'un mouvement d'ampleur des agriculteurs ? Pour la cinquième journée consécutive, l'autoroute A64 est coupée à la circulation au sud de Toulouse ce lundi 22 janvier.

En Champagne-Ardenne, aucune action n'a encore eu lieu depuis le début d'année, mais le calme pourrait ne pas durer. "Il y a une grogne latente qui dure", affirme Sébastien Riottot, président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de Haute-Marne, joint ce 22 janvier.

Le Premier ministre Gabriel Attal reçoit ce lundi soir les représentants nationaux de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs. "Je peux vous dire que dès aujourd'hui et toute la semaine et aussi longtemps qu'il sera nécessaire, un certain nombre d'actions vont être menées", a promis le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, interrogé sur France Inter en début de journée.

"On veut toujours privilégier le dialogue. Si le dialogue ne suffit pas, on mènera des actions concertées entre les départements", indique Sébastien Riottot, le représentant haut-marnais. Quelles formes pourraient prendre ces actions ? Rien n'est encore arrêté, mais des discussions doivent avoir lieu cette semaine. "Si on y va, on va faire quelque chose d'importance en concertation avec nos voisins. Il faut qu'on ait quelque chose d'envergure avec un impact non négligeable pour qu'on pèse dans les débats."

Renaud Chatry, président des Jeunes Agriculteurs dans les Ardennes, ne dit pas autre chose. "On va prévoir quelque chose. C'est en train de se caler", explique-t-il. Il attend toutefois un mot d'ordre national pour organiser les choses. "Il ne faut pas qu'il y ait de débordements [...] Ça nous prend peut-être un peu plus de temps à préparer qu'une action coup de poing, mais c'est aussi notre intérêt collectif."

Une colère qui ne s'apaise pas

La colère des agriculteurs n'est pas nouvelle. "Cela fait plusieurs mois qu'on est sur le pont", rappelle Sébastien Riottot, en Haute-Marne. Elle s'est matérialisée par des opérations symboliques, comme le retournement des panneaux de villes, comme pour dire que le gouvernement "marche sur la tête" avec sa politique agricole.

En novembre 2023, des manifestations avaient eu lieu partout en France. En Champagne-Ardenne, les tracteurs avaient ainsi convergé devant les préfectures, par exemple à Chaumont où on avait compté 200 manifestants.

ll faut lâcher la pression réglementaire et normative. Les normes tuent l'entreprise.

Sébastien Riottot, FDSEA Haute-Marne

"Il y a un ras-le-bol général sur l'administration, la surprotection environnementale", explique Sébastien Riottot. "Les charges ont beaucoup augmenté ces dernières années pour des raisons extérieures à notre volonté. Là, on nous dit qu'il faut encore baisser les prix [...] Il faut faire mieux avec moins, ce n'est pas possible."

Renaud Chatry, dans les Ardennes, prend l'exemple de la loi dite Egalim, qui devait améliorer la rémunération des agriculteurs. "La loi Egalim est très bien sur le papier. Elle nous imposait des améliorations en termes de phytosanitaires et de bien-être animal. Ce sont des choses qu'on a mises en place. En échange, on était censé être rémunérés à hauteur de notre coût de revient. Ça n'a pas été mis en place."

Les sujets sont nombreux et les attentes sont élevées. Les réponses apportées par l'exécutif seront décisives pour la suite du mouvement des agriculteurs.

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