"On a des problèmes semblables" : agriculteurs français et allemands manifestent côte à côte à Lauterbourg

Une quarantaine d'agriculteurs alsaciens et allemands ont manifesté lundi matin à Lauterbourg pour protester contre la politique agricole européenne, et les normes et contraintes à respecter. Ils ont aussi exprimé leur crainte de perdre en compétitivité.

Sur les pancartes, les slogans ne sont pas écrits dans la même langue, mais témoignent d'un même ras-le-bol. Une quarantaine d'agriculteurs allemands et français se sont réunis, lundi 22 janvier, à Lauterbourg (Bas-Rhin). Autour du rond-point de cette ville proche de la frontière franco-allemande, les tracteurs tournent au ralenti depuis 6h30 du matin, et filtrent la circulation.

D'un côté ou de l'autre de la frontière, les exploitants agricoles sont confrontés à des problèmes semblables. "Les allemands sont venus nous demander si avait les mêmes difficultés qu'eux et si nous aussi, on allait dans la rue", raconte Daniel Winter, agriculteur à Scheibenhard (Bas-Rhin). "On s'est dit hop, on va manifester ensemble parce qu'on a plus ou moins les mêmes problèmes."

Dans le sud de la France un premier mouvement de contestation avait commencé lorsque les agriculteurs avait entrepris de retourner les panneaux sur les routes, pour dénoncer une politique agricole "qui marche sur la tête". La semaine dernière, les protestations sont montées d'un cran avec le blocage de l'autoroute A 64

Charges administratives 

Emboitant le pas à leurs collègues sudistes, ces paysans alsaciens et allemands dénoncent une charge administrative qui pèse toujours plus lourd sur leurs épaules. "Ce qui nous intéresse, c'est de travailler nos terres, pas de travailler le stylo", résume Daniel Winter.

"Tous les ans, il y a de nouvelles contraintes, ce n'est plus supportable."

Daniel Winter

agriculteur

La fin d'une niche fiscale sur le diesel 

De l'autre côté du Rhin, c'est la fin brutale de l'exonération fiscale sur le diesel agricole qui a mis le feu aux bottes de paille. La semaine dernière, les tracteurs ont envahi les rues de Berlin. En France, l'avantage fiscal sur le gazole non routier sera également supprimé, mais de façon progressive sur sept ans.

"Les durcissements actuels du gouvernement nous ont poussés à aller dans la rue. Il y a beaucoup d'autres points à régler, mais le diesel agricole, c'était la goutte d'eau, trop c'est trop", lance Michaël Gambert, agriculteur à Laudau (Allemagne). Sans cet avantage fiscal, il redoute "la concurrence internationale", "la pression sur les coûts" et se plaint de "ne plus pouvoir être compétitif".

Une compétitivité en danger ? 

Plus largement, les agriculteurs critiquent la politique agricole européenne, et ses objectifs en faveur de la préservation de l'environnement. Ils craignent la concurrence étrangère, et l'augmentation des importations, souvent synonymes de standards environnementaux ou sanitaires moins ambitieux. "Manger Français ne doit pas devenir un luxe", peut-on par exemple lire sur les pancartes des manifestants. 

Daniel Winter témoigne enfin d'un sentiment de manque de reconnaissance. "On nous dit qu'on fait tout mal, regrette-t-il. Et si on fait des choses bien, personne n'en parle." 

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