En quelques jours, plus de 1 700 hectares de landes et de végétation ont été détruits par les flammes. Ce 26 juillet, l’incendie est maitrisé, et alors que les braises sont encore chaudes, les élus se sont réunis au pied de la chapelle Saint-Michel-de-Brasparts pour penser à la restauration du lieu.
Pour monter à la chapelle de Saint-Michel-de-Brasparts, il faut emprunter un chemin calciné, bordé de poteau noircis, dans un paysage désormais désolé.
C’est là, devant ce spectacle des 1 770 hectares de lande et de tourbière détruits par les flammes que le Préfet du Finistère, le Président du Conseil départemental, Maël de Calan et les maires se sont donnés rendez-vous ce 26 juillet pour lancer le comité de pilotage de restauration du lieu.
D’après les premières observations, l’incendie aurait touché plus de 15% du site Natura 2000 des Monts d’Arrée. Des landes, des landes humides, des tourbières, des friches, des zones de boisement sont parties en fumée.
Des dégâts importants
Pour le Conseil départemental, les dégâts sont considérables : "plus de 250 hectares d’espaces naturels dont il est propriétaire ont brûlé. Ces espaces hébergent notamment des espèces végétales et animales en voie de disparition, d’intérêt patrimonial majeur" indique le département du Finistère dans un communiqué.
De nombreuses infrastructures, comme le chemin et les marches d’escalier qui mènent à la Chapelle sont détruites, des clôtures, des poteaux agricoles sont également endommagés.
Reconstruire
"L’incendie est maitrisé, mais il n’est pas encore éteint, rappelle Philippe Mahé, le préfet du Finistère, 190 sapeurs-pompiers sont toujours sur place pour éviter des reprises du feu. Mais, même si les braises sont encore chaudes, il est important de penser à l’avenir."
Dès le1er septembre, un comité de pilotage sera mis en place. Il sera constitué des services de l’État, du SDIS, des maires des communes concernées, des agriculteurs, et des partenaires techniques et scientifiques (comme le conservatoire botanique national de Brest ou la chambre d’agriculture).
Des travaux ont déjà commencé pour sécuriser et nettoyer les sites pour accueillir le public. La chapelle Saint-Michel de Brasparts fera l’objet d’un projet de restauration. L'ancien ministre de la culture, élu à Plougasnou, Jean-Jacques Aillagon, indique les priorités, les flammes sont venues très près, "il va falloir vérifier la stabilité de la toiture et des murs et puis, il faudra s'occuper de l'intérieur. Il n'y a plus aucun mobilier lié au culte, il y aura lieu de rétablir un autel tout simple, de mettre une croix et peut-être une statue de saint-Michel", propose-t-i. en promettant de garder à la chapelle sa modestie et sa simplicité.
Il faudra ensuite déterminer le parcellaire précis des sites brulés et évaluer l’impact des flammes sur la biodiversité.
A certains endroits, selon les pompiers, la température est montée jusqu'à 300 degrés. "Mais dans les landes, le feu a couru, cela veut dire qu'il est passé très vite, on peut donc espérer qu'elles vont se regénérer naturellement", souhaite Amélie Caro, la présidente du Parc Naturel Régional d'Armorique.
"La végétation va repartir en fonction de son emplacement et en fonction du temps durant lequel les flammes sont restées et de la température du feu dans chaque zone . S'il a chauffé très fort, qu'il a brulé les racines et les graines des plantes, ce sera évidemment plus compliqué," détaille Pierre Thulliez, responsable des espaces naturels au Conseil départemental du Finistère.
Dans certains endroits, la molinie, une des graminées emblématiques de la lande des Mon ts d'Arrée recommence à verdir parmi les cendres. Un petit signe d'espoir même si tous savent qu'il faudra des années pour que les landes retrouvent leur diversité.
"La nature devra faire son œuvre, mais l'homme sera là pour aider"
"Les premières observations faites par le département sont rassurantes pour les espèces d’oiseaux emblématiques mais l’inquiétude porte sur la micro-faune (insectes, mollusques, petits mammifères, reptiles…) qui n’ont certainement pas eu le temps de fuir", précise le département.
"Les landes et les tourbières ne se replantent pas, explique Maël de Calan, ce sera à la nature de faire son œuvre, mais partout où l’homme peut agir, nous devons le faire et la faire vite."
"Il va falloir par exemple, arracher les souches calcinées et puis dans certains endroits, replanter des arbres. Quelles essences, où ? Il faut que l’on travaille tous ensemble, affirme le Président du Conseil départemental, et que l’on aille vite. Entre septembre et novembre, nous allons travailler, réfléchir. En novembre, ce sera la période de plantation des arbres, ce doit être fini en février et le 18 juillet 2023, pour le triste anniversaire de l’incendie, il faut que le travail des hommes soit achevé pour laisser la nature faire le sien."