Selon un témoignage diffusé ce mercredi sur RMC, Pierre Quémeneur aurait été tué par un garagiste de l'Eure-et-Loir qui aurait ensuite enterré le corps dans le cimetière de son village. Cette révélation innocenterait Guillaume Seznec, condamné en 1924 au bagne à perpétuité pour ce meurtre.
"Mon père s'appelle Georges Morand, il était responsable du cimetière de Saint-Lubin-de-la-Haye à cette époque-là tout en étant agriculteur, et un jour Raymond Lainé (garagiste dans ce village, ndlr) est venu le chercher en pleine nuit pour qu'il l'aide à ramener le corps de Quémeneur. Raymond Lainé avait tiré et l'avait blessé au ventre et ils l'ont ramené au cimetière", dit une femme, dont on ne voit pas le visage, dans une vidéo postée sur le site de la radio.
Le corps enterré dans une tombe abandonnée
Cette femme est présentée comme étant la fille de Georges Morand, Cécilia Morand, 85 ans. Selon RMC, elle aurait surpris, alors qu'elle était adolescente, une conversation entre son père et Raymond Lainé au cours de laquelle ce dernier faisait état de ses remords vis-à-vis de Guillaume Seznec.Sans preuves ni aveux, Guillaume Seznec avait été condamné en 1924 au bagne à perpétuité pour le meurtre un an plus tôt de Pierre Quémeneur, conseiller général du Finistère, avec lequel il était associé en affaires, ainsi que pour des faux en écriture. Mais le corps de l'élu n'a jamais été retrouvé.
Cécilia Morand affirme, selon la radio, avoir par la suite recueilli les confidences de son père selon lesquelles Raymond Lainé aurait tué Pierre Quémeneur près de la gare de Houdan, à moins de cinq kilomètres de Saint-Lubin-de-la-Haye, après une dispute autour d'un véhicule en réparation. Après ces confidences, son père lui aurait fait jurer de ne rien dire. Le corps du conseiller général aurait été enterré dans une tombe abandonnée depuis des années dans le petit cimetière de Saint-Lubin-de-la-Haye.
Un témoignage crédible selon le petit-fils de Seznec
"Ce témoignage est très crédible, tout coïncide", a réagi Denis Le Her-Seznec, petit-fils de Guillaume Seznec, interrogé par l'AFP, rappelant que la dernière fois que son grand-père aurait été vu, c'était à Houdan. Denis Le Her-Seznec, qui affirme s'être entretenu avec Mme Morand, compte la rencontrer dans les prochains jours."Si elle me confirme son témoignage, je pense qu'il y aura une demande de révision derrière", a-t-il indiqué. Toutes les demandes en révision du procès ont été refusées jusqu'ici.
La justice va entendre le témoin
Contacté, le procureur de la république de Chartres, Rémi Coutin, nous a précisé avoir eu connaissance de ce témoignage il y a deux semaines. Il a demandé aux gendarmes de la brigade de recherches de Dreux de rencontrer ce témoin et de l'entendre dans le cadre d’une procédure de renseignement judiciaire. Rencontre qui va avoir lieu "très prochainement" à Marseille où réside l’octogénaire. Suivant les révélations du témoin, "on creusera plus en avant les investigations pour vérifier si tout cela est bien crédible" explique le procureur. Des auditions supplémentaires pourraient être effectuées comme celles de membres de la famille du témoin ou de celle du garagiste. "On appréciera ensuite si il y a lieu d’élargir la procédure à une enquête préliminaire ou à une enquête en recherche des causes de la mort" ajoute Rémi contin. "Mais pas d'emballement, on est loin d'ouvrir une tombe" tempère le magistrat qui pour autant n'exclut pas "d'exhumer un corps si cela s'avère indispensable".
Une hypothèse de plus sur cette énigme judiciaire
Une autre hypothèse avait été avancée en mai dernier par d'autres petits-fils de Guillaume Seznec. Quéméneur aurait été tué par l’épouse de Guillaume, Marie-Jeanne. Celle-ci aurait repoussé les avances pressantes du conseiller général. Des faits qui se seraient produits dans la propriété des Seznec, à Morlaix (29).Des fouilles ont été menées en janvier 2018 dans cette propriété à la recherche d'indices ou d'ossements. Ils n’ont rien donné de probant.
L'affaire Seznec demeure l'une des énigmes judiciaires les plus troublantes du XXe siècle.
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