Marie-Paule Le Guen était l'une des seules femmes gardiennes de phares. Elle a monté les 50 marches du phare de Pontsuval près de Brignogan tous les jours entre 1968 et 2003 date de l'automatisation du feu. A l'âge de 82 ans, la gardienne s'est éteinte. Elle qui disait vouloir partir avec le souvenir du phare.
Comme un clin d'œil ou un dernier brin de malice, la gardienne du phare de Pontsuval s'est éteinte à 82 ans entre les tempêtes Ciaran et Domigos. Marie-Paule Le Guen était la dernière gardienne de phare en France.
Pendant 35 ans, elle s'est occupée du feu et de la maison-phare. Entre 1968 et 2003, plusieurs fois par jour, il devait gravir les 50 marches de la tour pour s'assurer que la lumière fonctionnait.
On est au bout du monde mais je me plais
Marie-Paule Le GuenDernière gardienne de phare en France
Il y a trois ans, en décembre 2020, elle témoignait au micro de nos confrères de France Inter. À l’époque elle confiait "On est au bout du monde et je me plais. Si je ne devais plus voir la mer, ce ne serait plus ma vie."
Une vie au service des autres dans une des zones de la Bretagne les plus dangereuses pour la navigation. "Quand j'ouvre mes volets, côté droit, c'est l'Ile de Batz et côté gauche, c'est l'Ile Vierge. Donc je fais le relais parce qu'il y a beaucoup de rochers jamais découverts par la mer. Alors c'est un danger pour les bateaux." racontait-elle. 52 ans à surveiller cette côte dangereuse.
Été comme hiver, il faut assurer sa mission. "Oui l'hiver c'est dur. Les vagues, des fois, sont très très fortes. Les embruns viennent jusqu'aux fenêtres." tient-elle à décrire.
Une vie de solitaire et de solitude. Édouard son mari défunt était pêcheur. Sur la mer onze mois sur douze. "J'avais un métier et je pouvais m'occuper de mes enfants. Mon fils et ma fille n'ont pas beaucoup vu leur père. Pour ma fille, c'était un monsieur qui venait de temps en temps." affirmait-elle avec un sourire au coin des lèvres.
Et elle ajoute. "Ils sont étonnés ceux qui viennent des villes. Ils me disent qu'ils aimeraient vivre ici. Moi je leur dis qu'ils ne pourraient pas vivre ici. Il faut être né ici pour vivre ici."
Je suis contente de ma vie. Je veux partir avec le souvenir du phare.
Marie-Paule Le GuenDernière gardienne de phare en France
Une femme de la mer mais les pieds bien sur terre. "Moi la mer c'est ma vie". En 2003, comme d'autres phares, la maison-phare de Pontsuval est automatisée. Mais la Finistérienne refuse de quitter les lieux. En échange d'un loyer, elle décide de continuer à habiter la petite maison battue par les vents et les embruns en hiver. Elle affirmait "J'ai vécu un truc bien, je suis contente de ma vie. Je veux partir avec le souvenir du phare."
Celle qui a surveillé cette côte des légendes pendant plus de la moitié d'un siècle sera inhumée mercredi 8 novembre à Kerlouan, dans le pays Pagan. Impossible d'oublier cette star des phares.
Depuis 4 ans, l'allée qui mène au phare de Pontsuval a été rebaptisée et porte désormais le nom du chemin de Marie-Paule.