Près de 250 personnes se sont rassemblées, ce vendredi 19 janvier 2024, pour dire leur soutien à la communauté musulmane de Morlaix, après la tentative d'incendie de la mosquée. Un suspect a été mis en examen dans le cadre de l'enquête.
"Stop à la haine". "Non à l'islamophobie". Sur les pancartes et banderoles qui accompagnent le rassemblement de soutien à la communauté musulmane de Morlaix, les messages sont portés haut et fort par les quelque 250 personnes présentes, ce vendredi 19 janvier.
6 jours après la tentative d'incendie de la mosquée de Saint-Martin-des-Champs et alors qu'un suspect a été mis en examen ce 19 janvier, cette démonstration de solidarité "fait chaud au cœur" ainsi que le dit Makram Nzoughi. "Morlaix, c'est la tolérance, déclare-t-il. Il n'y a jamais eu d'acte grave ici, comme on peut en voir ailleurs. Je ne pensais pas que cela pourrait nous arriver aussi".
"Un acte terroriste contre une religion"
Les questions sont nombreuses au sein de la communauté musulmane, à commencer par la qualification des faits : "tentative de destruction par moyens dangereux". Méryème Postic, présidente de l'association Ti Salam Montroulez qui gère la mosquée, ne comprend pas cette "minimisation". "C'est un lieu de culte, à l'heure de la prière. Il y a des êtres humains dedans, indique-t-elle. Et on met le feu. C'est quoi l'objectif ? On a mis le feu parce que ces êtres humains sont musulmans. Donc c'est un acte terroriste contre une religion. Pourquoi ne pas le traiter de la même manière que pour les autres cultes ? Le deux poids, deux mesures revient trop souvent".
Tous ces faiseurs de haine doivent se rendre compte que les paroles qui sortent de leur bouche peuvent tuer quelqu'un
Méryème PosticPrésidente de Ti Salam Montroulez
Elle pointe "le climat islamophobe ambiant", "cette parole décomplexée que l'on entend sur certains plateaux de télé où l'on peut dire tout ce que l'on veut en toute impunité. Tous ces faiseurs de haine doivent se rendre compte que les paroles qui sortent de leur bouche peuvent tuer quelqu'un. Peut-être que la personne qui a tenté de mettre le feu à la mosquée a été téléguidée par tout cela" affirme-t-elle.
La présidente de Ti Salam Montroulez se dit "très touchée" par les marques de soutien depuis le 13 janvier. "Voir que cet appel à se rassembler a reçu un élan aussi important, ce n'est pas anodin" note-t-elle. En tout cas, on ne répondra pas à la haine par la haine. On veut comprendre pourquoi cet homme a choisi cette mosquée".
"Solidarité, fraternité"
Parmi les élus présents à ce rassemblement, Patrice Gambache, 1er adjoint au maire de Morlaix, mentionne "la question du ' vivre ensemble'. C'est important d'être là pour montrer notre solidarité, assure-t-il. Pour parler de la laïcité, de la fraternité, pour dire que chacun peut exercer son culte librement. Cette communauté musulmane, très intégrée dans la ville, vit un réveil douloureux".
"Cet acte est regrettable pour l'ensemble de la communauté musulmane, déplore François Hamon, le maire de Saint-Martin-des-Champs. C'est également regrettable pour la commune, pour le Pays de Morlaix. Nous n'avions pas besoin d'un tel acte criminel sur notre territoire".
Il souligne encore l'aspect "dommageable" car, ajoute-t-il, "nous entretenons de bonnes relations avec la communauté musulmane depuis plus de 21 ans ici".
(Avec Catherine Aubaile)