Ce 15 avril, Romane est montée sur la plus haute marche du podium lors du championnat de France de bodybuilding. Une belle récompense pour cette Finistérienne de 22 ans qui, il y a encore 5 ans, souffrait d'anorexie. Témoignage.
"Cette médaille, c'est une revanche". À 22 ans, Romane Mével vient de décrocher le titre de championne de France de body-building "dans la catégorie bikini-junior" ajoute la Finistérienne de 22 ans. Une revanche car, pendant de longues années, la jeune femme a souffert d'anorexie.
Déclic
La maladie est entrée dans la vie de Romane à l'adolescence. Il y a d'abord les phases d'hyperphagie. "Je mangeais tout et n'importe quoi". La prise de poids. "Du mauvais poids" qu'elle élimine en se privant de nourriture jusqu'à sombrer dans l'anorexie. "J'ai été anorexique de 15 ans à 18 ans, raconte-t-elle. Je pesais 35 kilos pour 1m68".
Et puis, survient ce qu'elle appelle le "déclic" : elle se prend de passion pour le culturisme. "La première fois où je suis entrée dans une salle de sport, tout le monde me regardait car j'étais squelettique" se souvient celle qui, à la force du mental, a trouvé le chemin pour laisser les troubles de l'alimentation derrière elle.
Regard
Ainsi qu'elle le dit, "d'autres vont se tourner vers la musique, les arts, moi, ce fut le bodybuilding". Sculpter ce corps qui lui échappe, "prendre du bon poids", s'astreindre à des entraînements tout en travaillant "en horaires décalés" dans la métallurgie, Romane se lance. Et apprend à "se détacher du regard des autres" mais aussi du sien. "L'anorexie tourne forcément beaucoup autour du physique, souligne-t-elle. De la manière dont on se voit. On se cache beaucoup. Alors monter sur une scène, en bikini, c'était impensable pour moi il y a encore cinq ans".
Pourtant, c'est ce qu'elle a fait lors de ce championnat de France qui lui vaut la première marche du podium. "Ce sport m'a endurcie mentalement et physiquement" admet la Finistérienne à la longue chevelure brune et aux muscles saillants.
(Avec Ivan Frohberg)