Témoignage. Anorexie : "C'est mon quatrième jour sans crise, c'est toujours un combat"

Publié le Mis à jour le Écrit par Emilie Colin
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Margaux est anorexique depuis quatre ans. Les troubles alimentaires ont envahi son quotidien jusqu'au point de la mettre en danger. Hospitalisée en urgence, elle apprend aujourd'hui à conjuger avec cette maladie qui laisse des traces. 

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"Cela a commencé il y a quatre ans, au début c'était des crises d'angoisse, qui entraînaient un manque d'appétit", raconte Margaux. La jeune femme de 21 ans est alors en classe de Seconde. Après le lycée, elle subit un viol. "C'est là que tout a basculé". "Je me suis mise à détester mon corps, je me trouvais sale et honteuse. Au début, elle enchaîne les crises de boulimie puis viennent les restrictions. "L'anorexie est venue comme une petite voix qui disait 'si tu ne manges pas, tu vas te sentir plus légère'".

En quelques mois, elle finit par ne manger plus qu'une pomme par jour.

Je vomissais cette pomme, parce que c'était trop

Elle perd une dizaine de kilos, descend à 40, elle qui en pèse normalement 50. Elle se met au sport, hyperactive. "Ma vie était régie par les troubles alimentaires. Je ne sortais plus. Je ne voyais plus mes amis. Moins je mangeais, plus je me sentais libérée d'un fardeau".

Margaux réussit à cacher sa maladie à ses parents, bien que vivant chez eux. Un jour, à la plage, ils découvrent, horrifiés, le corps de leur fille, les os saillants. Elle n'y voit que de la graisse. Ils lui fixent un ultimatum : "Tu manges ou on te met à l'hôpital directement". Margaux continue de mentir : "Je faisais croire que je mangeais et je prétendais que j'étais malade. Ils se sont rendus compte que je les menais en bateau." Elle cuisine toujours pour les autres, avec beaucoup de matière grasse : "Les nourrir, ça me remplissait."
 

"Hospitalisée, je perds encore trois kilos"


Pendant son hospitalisation, qui va durer cinq mois, Margaux réussit à encore perdre du poids. Elle porte une sonde gastrique, qu'elle enlève et remet elle-même. Elle continue de se faire vomir. Les médecins s'en rendent compte, rajoutent des calories dans la nourriture qui passe par la sonde, lui suppriment les repas et optent pour des collations. 

Le repas n'existe plus dans ma vie. Cela me fait prendre conscience du problème.

"Je ne pouvais plus continuer à vivre comme ça", relève la jeune fille. Elle réintroduit petit à petit les aliments. Son corps paie déjà les carences : elle est fatiguée, perd ses cheveux, fait de l'œdème aux jambes. Ses règles disparaissent. 

La route est encore longue. Margaux s'enfuit de l'hôpital et fait une crise suicidaire. "Je suis allée en pharmarcie, pour acheter des médicaments. Plus j'allais mieux, moins on s'occupait de moi, ce qui faisait ressurgir des souvenirs." raconte t-elle. Retour à l'hôpital, en urgence. 

Je suis rentrée chez moi. Les crises se sont espacées.

Revenue chez elle, elle est suivie par une diététicienne, un psychologue et un psychiatre, encore aujourd'hui. La maladie reste présente mais elle l'envisage autrement. "Par exemple, là, c'est mon quatrième jour sans crise. C'est toujours un combat mais cela ne veut pas dire que je rechute. Mon poids se stabilise." 

Ses parents la soutiennent, s'inquiètent surtout de sa fragilité physique et morale. Ils ont caché la balance. Margaux a trouvé du travail, qu'elle veut garder malgré la fatigue. Elle voudrait se remettre au sport, comme loisir, et non pas pour garder le contrôle. Elle raconte son histoire sur les réseaux sociaux, "pour montrer qu'on peut s'en sortir, me libérer des pensées qui m'envahissent." Elle se sent parfois isolée. Il n'y a pas de groupes de parole à Saint-Malo où elle vit, seulement à Rennes. 

"Je pense que l'on reste fragile. J'aurais toujours des petites séquelles physiques, des TOC [troubles obsessionnels compulsifs] alimentaires, mais on peut s'en sortir", estime t-elle. Avec sa maman, elle envisage, une fois guérie, de créer une association pour soutenir les personnes atteintes d'anorexie.
 
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