Ouessant, Sein, Molène : malgré la douceur de vivre sur les îles, le coronavirus inquiète

"On a beaucoup de chance d'être confinés à Ouessant", témoigne un habitant de l'île du Finistère, où aucun cas de coronavirus n'a encore été recensé. Cependant, si l'épidémie devait s'y déclarer, la situation pourrait se révéler bien plus délicate à gérer que sur le continent.


"L'approvisionnement des magasins est assuré, je ne travaille pas, je suis chez moi, c'est Ouessant rêvé !" s'enthousiasme Emmanuel Davril, patron du restaurant Ar Piliguet, situé à l'entrée du bourg de Lampaul, et fermé depuis samedi pour cause de coronavirus.

"C'est sûrement beaucoup plus facile pour nous ici qu'en ville", juge ce parisien d'origine, assurant cependant ne pas être sorti de chez lui depuis 48 heures. 

Près de 900 personnes habitent sur ce territoire de huit kilomètres de long et quatre de large, réputé pour ses paysages majestueux et où les résidences secondaires sont nombreuses. De ce fait, son maire Denis Palluel, tout comme ceux des îles voisines, a souhaité que l'accès y soit restreint, craignant un afflux d'habitants des grandes villes. 
 
"La population peut doubler ou tripler sur certaines îles. Cela pourrait vite devenir ingérable", estime celui qui est aussi président de l'association des îles du Ponant, qui regroupe quinze îles de la Manche et de l'Atlantique habitées à l'année, mais non reliées au continent par un pont ou une route submersible.

"Si jamais quelqu'un est contaminé sur l'île c'est quand même beaucoup plus compliqué que sur le continent, ne serait-ce que pour les évacuations", abonde Dominique Salvert, le maire de l'île voisine de Sein, petit confetti de 1,8 kilomètre de long et 500 mètres de large, habité à l'année par environ 130 personnes.

Les deux îles, tout comme celle de Molène, dépendent de l'hélicoptère de la sécurité civile pour les évacuations sanitaires urgentes. Mais sera-t-il possible de les réaliser par ce moyen en cas de besoin? Rien n'est moins sûr. "On n'a plus d'hélicoptère, l'hélicoptère Dragon 29 étant en révision", regrette Dominique Salvert. "S'il devait y avoir une évacuation elle devrait se faire via l'hélicoptère Dragon 56, mais vous connaissez la situation dans le Morbihan, ce n'est pas très rassurant...", note Denis Palluel, alors que ce département breton est l'un des premiers à avoir été touché par l'épidémie en France.


"L'atmosphère est pesante"


Les évacuations pourraient devoir se faire par bateau via la SNSM (Société nationale de secours en mer). "Le SAMU ne prendrait pas dans son hélicoptère un cas suspect parce qu'un hélicoptère c'est compliqué à désinfecter", croit savoir Jean-Baptiste Vasse, médecin à Ouessant, expliquant que les "protocoles sont mis en place au jour le jour" face à une "situation inédite pour tout le monde". Selon lui, "il y a aura forcément des cas à Ouessant" et la situation risque d'être difficile "à gérer". 

"On a très peu de filets de sécurité au niveau approvisionnement, au niveau sanitaire. A Molène par exemple il n'y a pas de médecin, à Ouessant il y en a un seul, on serait très vite débordé", s'inquiète le maire de Ouessant, qui compte deux cabinets infirmiers et une pharmacie. 

Les trois îles du Finistère ne sont plus reliées au continent que par deux rotations maritimes par semaine contre une par jour habituellement à cette période de l'année. "C'est compliqué pour le ravitaillement en médicaments, les transferts de prélèvement sanguins...", insiste Denis Palluel, laissant transparaître une inquiétude partagée par certains îliens. 

"L'atmosphère est pesante", assure Thiphanny Petton, une îlienne de 20 ans travaillant dans un commerce d'alimentation. "La population est majoritairement âgée et fragile à Ouessant, il n'y a pas d'hôpital... la situation  pourrait devenir extrêmement compliquée", redoute celle qui est plus connue sous le nom de @LaPetiteIlienne sur les réseaux sociaux, où elle a l'habitude de poster de magnifiques photos de son rocher de granit, ultime escale avant les Amériques.
  
 
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