Parc naturel marin d'Iroise : pour ou contre des dérogations aux règles d'épandage de lisiers ?

L’épandage de lisiers n’est plus autorisé dans la bande des 500 m du littoral, surtout dans une zone sensible comme la baie de Douarnenez. Mardi 6 février 2018, le Conseil de gestion du Parc naturel marin d'Iroise s'est prononcé pour une dérogation en faveur d'une exploitation agricole.

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Les règles concernant l’épandage de lisiers dans la bande des 500 m du littoral au coeur du Parc naturel marin d'Iroise sont strictes. Dans les écosystèmes sensibles des baies, comme ici celle de Douarnenez, il s'agit de se prémunir contre des excès de nitrates, générateurs d'algues vertes, et contre des pollutions en particulier bactériennes à proximité des zones conchylicoles.

Les exploitants agricoles peuvent toujours demander des dérogations à l'interdiction d'épandre auprès de la Préfecture du Finistère. Ces demandes sont suivies de près par le Parc naturel marin d'Iroise qui donne un avis consultatif.



Un processus établi dés la création du Parc naturel marin d'Iroise

Les parcs naturels marins ont été été conçu comme une nouvelle catégorie d’aires marines protégées. Ils permettent de répondre aux besoins spécifiques des espaces marins où cohabitent de nombreuses activités maritimes et un milieu naturel particulièrement riche. Le Conseil de gestion est constitué des représentants de la pêche, de l'agriculture, et des associations environnementales.

Ce mardi le Conseil de gestion du parc naturel marin d'Iroise devait se prononcer, pour ou contre des dérogations. Le parc vient de fêter ses dix ans et c'est seulement la deuxième fois que le conseil de gestion doit donner son avis. En novembre dernier une demande similaire avait essuyé un refus. Le parc marin avait émis un avis défavorable qui lui avait valu la reconnaissance des associations environnementales et l'obtention du prix Orange


La pression du monde agricole

Pour le Conseil de gestion c'est un choix délicat, qui doit prendre en compte les contraintes des uns et des autres. Cette fois il s'agissait de trois parcelles agricoles acquises par une exploitation qui s'agrandit pour permettre à un jeune agriculteur de s'installer. Ces surfaces se situent au-dessus des plages de Trez Bellec et de TrezBihan, sur la commune de Telgruc-sur-mer au nord de la baie de Douarnenez. Or ces zones sont situées au pied des bassins versants concernés par le plan de lutte contre les algues vertes.
L'agriculteur de Landevennec a revu sa copie et a déposé auprès de la préfecture, une nouvelle autorisation d'épandre sur des parcelles au-dessus des plages. Le parc marin d'Iroise vient de se prononcer en faveur d'un épandage partiel sur deux des trois parcelles.

Nathalie Sarrabezolles, Présidente du conseil de gestion du Parc naturel marin d'Iroise rappelle que "depuis le départ l’objectif de Parc marin d’Iroise n’est pas de mettre cet espace sous cloche [...] mais de s'assurer que les activités puissent être durables et n'aient pas d'impact sur le milieu marin."

Le conseil de gestion a semble-t-il été rassuré par la bonne qualité des eaux de baignade et par le nombre réduit de parcelles potentiellement concernés. Cette demande de dérogation, motivée par un besoin d'agrandissement, conditionne l'installation du fils de l'exploitant. L'agriculteur et son fils se disent prêts à réaliser des aménagements préconisés par les services de l'état, c'est à dire des talus et des bandes enherbées. Le Conseil a refusé la dérogation à la troisième parcelle en raison d'une pente trop favorable au ruissellement.


L'inquiétude des exploitants maritimes

Le principe même qu'il y ait des dérogations est loin, par contre, de rassurer les professionnels de Telgruc-sur-mer qui pratiquent la pêche à la telline et ceux qui vivent du tourisme autour des activités de plaisance et de pêche loisirs. Pour le maire, Dominique Le Pennec, la loi devrait être la même pour tous, sans dérogation.

" Je ne comprends pas qu'on revienne sur cette zone de 500 mètres..."

...que ce soit pour un agriculteur ou pour un autre et d’où que vienne cet agriculteur. Et ce n’est pas jeter l’opprobre sur la profession agricole que de dire : il y a cette zone qui est respectée par tout le monde, que d’autres agriculteurs considèrent comme sacrée. "


Orange ou citron ?

Il appartient, désormais, au préfet de prendre la décision finale sur cette demande de dérogation, de suivre ou non l'avis du Parc.

intervenants : Nathalie Sarrabezolles Présidente du conseil de gestion du Parc naturel marin d'Iroise / Gillian Moré - Fils d'agriculteur, en cours d'installation / Dominique Le Pennec Maire de Telgruc ©France 3 Bretagne



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