Plogoff : 40 ans après l'abandon du projet de centrale nucléaire, Jean Moalic se bat toujours

Le 3 juin 1981, il y a 40 ans, un communiqué à l'issue du conseil des ministres confirme l'abandon du projet de centrale nucléaire à Plogoff dans le Finistère. Jean Moalic, combattant de la première heure, s'en souvient et regrette que la France piétine sur les questions énergétiques.

 

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Le 3 juin 1981, François Mitterrand réaffirme l’annulation du projet de centrale nucléaire à Plogoff. Cette fois, c’est la bonne ! Louis Le Pensec, ministre de la Mer, a été obligé de reposer la question lors du deuxième conseil des ministres du gouvernement Mauroy.
Une semaine plus tôt, le ministre breton avait déjà annoncé l’abandon du projet à l’issue du premier conseil des ministres. Mais son collègue Georges Lemoine, secrétaire d’Etat chargé de l’Energie, avait semé le doute en parlant de gel quelques jours plus tard.
La promesse de campagne du candidat Mitterrand va donc être honorée par le président de la République Mitterrand.

Jean Moalic avait 28 ans en 1981 et déjà sept ans de combat derrière lui contre ce projet de centrale nucléaire à la pointe du cap Sizun. L’enfant de  Mahalon, à une vingtaine de kilomètres de Plogoff est aujourd’hui le président de l’association Plogoff Mémoire d’une Lutte. Il revient sur cet épisode si déterminant pour lui. 
 

  • Quels souvenirs gardez-vous de ces années Plogoff ?

Jean Moalic : Pour moi, c’est long. J’y ai consacré sept ans de ma vie. Quand Plogoff a été évoqué pour la construction d’une centrale nucléaire en 1974, j’avais 21 ans. J’étais déjà intéressé par l’écologie. A la maison, on était consternés par le remembrement et la destruction du bocage autour de chez nous. J’étais sensible à la nature. J’étais au courant des problèmes du nucléaire. Après avoir assisté à une réunion du CRIN (comité régional d’information sur le nucléaire) d’Erdeven, j’ai créé l’antenne du CRIN pour le cap Sizun. Ensuite, j'ai fait de l'information auprès de la population et j'ai été de tous les combats.

  • Comment avez-vous reçu l'annonce de l'abandon ?

Quand François Mitterrand a été élu président, j’étais content mais pas euphorique. Je voyais que le programme nucléaire allait se poursuivre. Plogoff n’était qu’un symbole. Quand on a engagé un programme nucléaire de cette ampleur, on ne peut pas l’abandonner  (en 1974, le plan Mesmer avait annoncé 200 réacteurs nucléaires à l’horizon 2000 en France pour assurer l’indépendance énergétique du pays). Et d’ailleurs Mitterrand a continué. J’étais content de voir l’abandon de la centrale, mais triste de voir que la politique d’énergie alternative n’intéressait personne.

  • Qu’auriez-vous souhaité ?

A l’époque, j’étais lancé dans les énergies alternatives. Durant les années 70, tous les problèmes écologiques étaient déjà sur la table. Pour moi, c’est tout un scénario d’économie d’énergie et d’efficacité énergétique qu’il faut mettre en place. C’est irrationnel de croire qu’on va pouvoir continuer à consommer à l’infini. En 40 ans rien n’a changé, c’est le même débat que dans les années 70. 40 ans de perdus !

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