Pollution atmosphérique. La Bretagne émet beaucoup plus d’ammoniac que tout le reste de la France, alerte le collectif Bretagne contre les fermes-usines

Le collectif Bretagne contre les ferme usines publie un palmarès des communes bretonnes les plus touchées par les émissions d‘ammoniac. Dans son enquête il révèle aussi que la région émet autant d’ammoniac que tout le reste de la France. Les militants accusent les élevages intensifs d’être responsables de ces pollutions " délétères pour la santé ".

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Avec 178,8 tonnes émises chaque année, la commune de Plouvorn dans le Finistère occupe la première place du classement breton des communes émettrices d’ammoniac.

Sur la deuxième marche du podium, on trouve Bignan dans le Morbihan, avec 83,9 tonnes/an, suivie de près par Plougar (29) avec 75,1 tonnes/an.

Ce palmarès, réalisé par le Collectif Bretagne contre les fermes-usines, reprend les données des déclarations obligatoires 2021 des élevages qui émettent plus de 10 tonnes d’ammoniac par an. Sur son site, le collectif met à disposition des internautes l'ensemble des données collectées et des cartes les synthétisant.

Le collectif précise, par ailleurs, que ces données (accessibles sur le site georisques) n'intègrent pas les émissions des nombreux élevages qui sont en dessous de ce seuil.

La Bretagne émet davantage d'ammoniac que le reste de la France

Les chiffres des émissions cumulées par département sont édifiants.

Le Finistère est le premier émetteur d’ammoniac en France avec 2506 tonnes déclarées en 2021. Suivent les Côtes-d'Armor et le Morbihan. À eux trois, ces départements bretons émettent au final plus d’ammoniac que tous les départements français cumulés.

Ces informations ne sont pas nouvelles.

En 2021, les journalistes de Splann! avaient réalisé une enquête révélant les niveaux d'émissions d'ammoniac en Bretagne et leur dangerosité pour la santé. 

Aussi, dès 2006, le porte-parole d’Eau et rivières de Bretagne, Jean-François Piquot, rédige un rapport sur l'ammoniac, recensant les données du Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (Citepa) : la Bretagne concentre 19 % des émissions nationales de ce gaz de formule NH3.

L’ammoniac à l’origine de la pollution aux particules fines

La Bretagne connaît des épisodes fréquents de pollution aux particules fines. Et l'ammoniac en est un des principaux facteurs.

" L’ammoniac (NH3) est un composé chimique émis par les déjections des animaux et les engrais azotés utilisés pour la fertilisation des cultures. Son dépôt excessif en milieu naturel peut conduire à l’acidification et à l’eutrophisation des milieux. De plus, il peut se recombiner dans l’atmosphère avec des oxydes d’azote et de soufre pour former des particules fines (PM2,5) " explique l’ADEME, l’agence de la transition écologique, sur son site internet.

 

Air Breizh, organisme chargé de mesurer la pollution atmosphérique en Bretagne, rappelle que les particules fines PM2,5 ont des effets délétères sur la santé.

" Les effets sur la santé sont variés et dépendent de la taille et de la composition chimiques des particules. Les particules les plus grosses sont retenues par les voies aériennes supérieures. Plus elles sont fines et plus elles pénètrent profond dans l’arbre pulmonaire, elles atteignent les voies respiratoires inférieures et peuvent altérer la fonction respiratoire dans son ensemble.

Certaines de ces poussières très fines servent aussi de vecteurs à différentes substances toxiques, voire cancérigènes ou mutagènes (métaux, HAP…), qui sont alors susceptibles de pénétrer dans le sang" peut-on lire sur son site internet. 

Une requête contre l’État

Fort de ces éléments, le collectif Bretagne contre les fermes-usines va déposer une requête contre l'État devant le Tribunal Administratif. "On souhaite engager la responsabilité de l’État pour carence fautive dans le défaut d’encadrement des installations classées " annonce Thomas Dubreuil, avocat. Il explique, "on a constaté une diminution substantielle des contrôles des inspecteurs de l’environnement et, dans le même temps, une augmentation dramatique des niveaux de créations ou d’extensions d’élevages ".

Le collectif demande un moratoire sur les extensions et créations d'élevages.

Il exige également qu’une planification soit mise en place pour stopper la saturation des pollutions. Il faut "tenir compte du cumul et ne pas autoriser élevage par élevage " insiste Fanche Rubion. "Ici en Bretagne, on a une extrême concentration et ce n’est plus possible d’accueillir de nouveau élevages, pour le moment" conclut cette adhérente du collectif.

Les militants espèrent que ces données seront prises en compte dans la Loi d'Orientation agricole qui doit être proposée, en juin prochain.

(Avec Murielle Le Morvan)

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