Après deux mois de confinement, certains commerces n'ont toujours pas le droit de rouvrir. C'est le cas des cafés et restaurants, mais aussi de commerçants ambulants qui vendent habituellement sur les marchés. Par mesure de sécurité sanitaire, les mairies ont limité le nombre d'étals.
"Ce n'est pas normal ! Surtout quand le Premier ministre dit que les marchés vont rouvrir !" Jacques Durand ne décolère pas. Ce jeudi matin, à Pont-l'Abbé, ce commerçant ambulant faisait partie de la soixantaine de professionnels venus manifester leur désarroi.
D'habitude, le jeudi, c'est sur la grande place de la République, qu'il vend ses vêtements, mais ce 14 mai, premier jour de marché depuis le déconfinement, la place est prise par ceux qui font de l'alimentaire. "On n'a rien contre eux, mais on a tous besoin de vivre", explique le commerçant.
Places limitées
La mairie finistérienne a en effet décidé de donner la priorité à l'alimentaire, dont les étals ont été déménagés, pour plus d'espace, de la traditionnelle place Gambetta vers la place de la République où ils ont donc pris la place des déballeurs de produits manufacturés."On n'avait pas assez de matériel pour installer tous les déballeurs", justifie le maire Stéphane Le Doaré.
"Si on applique les directives qu'on a reçues de l'État, dimanche en fin de journée, il y a une annexe A sur les sens de circulation, des obligations de mettre des barrières entre les différents déballeurs, continue l'élu. Quand on a fait nos inventaires, on a vu qu'on n'avait pas assez de moyens techniques !"
"Vous croyez que c'est de gaîté de coeur que l'on doit en choisir 47 sur les 180 habituels ?!" se défend son adjoint.
Malgré le déconfinement, seuls les commerçants vendant des produits alimentaires, ont pu installer leurs étals, soit un tiers seulement des déballeurs.
"On manifeste pour travailler !"
Dès 6h30 ce jeudi matin, les commerçants ambulants ont donc manifesté, soutenus par leurs confrères qui font de l'alimentaire. Après deux mois sans avoir pu réaliser la moindre vente, le besoin de travailler est évident, "surtout après l'hiver catastrophique qu'on a eu", justifie Jacques Durand.
"Plusieurs d'entre nous finirons par mettre la cabane sur le chien", s'inquiète l'un des manifestants.
Les déballeurs ne comprennent pas que certains marchés ouvrent, comme à Crozon ou Carnac, alors que d'autres restent fermés. "Nous ne sommes pas des irresponsables ! On propose à nos clients du gel, nous avons des masques, des gants... Nous sommes prêts à réduire nos étalages plutôt que de ne pas travailler !"
Seuls quelques étals alimentaires ont finalement ouvert ce jeudi matin à Pont-l'Abbé. Après échanges avec la mairie, un rendez-vous a été fixé. Entre contraintes sanitaires à intégrer et mettre en application, et les besoins économiques, déballeurs et élus ont prévu de se retrouver lundi prochain pour trouver un compromis.