PORTRAIT. Scarlette Le Corre, la première femme à embarquer à la pêche

La pêche est généralement considérée comme un milieu masculin, mais de plus en plus de femmes souhaitent embarquer, même elles si restent encore peu nombreuses. Scarlette Le Corre fait figure d'exception. Elle a été la toute première femme à devenir marin-pêcheur.

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Aujourd’hui, en France, les femmes représentent 4,4 % des inscrits maritimes "Pêche et Cultures Marines" en 2020. Leur poids dans le secteur a augmenté régulièrement  entre 2002 et 2020. Elles représentaient seulement 2,5% des inscrits en 2002.

Depuis 2018, l’effectif de femmes inscrites maritimes s’est stabilisé à 870 inscrites.  En 2020 en Bretagne, 185 femmes sont dans la culture marine, la conchyliculture et la petite pêche. Seulement quatre partent sur de la pêche au large et quinze à la grande pêche. (source Ocapiat)

Même si sur ces 18 ans, le chiffre augmente gentiment, il reste quand même très bas. Il y a une certaine réticence des femmes à embarquer pour différentes raisons. Les conditions de vie et de travail  restent difficiles à bord des bateaux de pêche même si celles-ci se sont déjà améliorées avec notamment le renouvellement de la flottille. Mais il y a surtout un problème d’attractivité des métiers, il faut attirer les femmes vers la formation. Les modalités de recrutement en formation initiale n’incitent pas les jeunes femmes à s’inscrire, souvent, les lycées maritimes donnent l’image d’un métier réservé aux hommes. Il faut changer cette image.  

Au Lycée maritime du Guilvinec, sur les 120 élèves répartis entre le lycée et les BTS en 2022, il n’y a seulement que 4 filles. En formation initiale au Lycée, 1 fille sur 100 élèves. Pourtant il y a une vraie volonté de féminiser cette formation avec cette année la construction d’un dortoir pour accueillir les filles.  

Les obligations familiales des femmes restent un obstacle majeur à leur accès aux métiers de la pêche et la culture masculine du secteur limite l’accès des femmes.

Scarlette Le Corre, la première femme marin-pêcheur en France

Scarlette Le Corre est née en 1955 à la Torche d’un père breton et d’une mère vendéenne. Dès son plus âge, la petite fille accompagnait son père, marin pêcheur et goémonier, en mer. Très vite, elle a su que la mer ferait partie de sa vie. Quand la passion pour la pêche la saisit, son père ne comprend pas cette envie, car les femmes ne peuvent appartenir à ce milieu «  Les filles n’allaient pas en mer, point ! »

Il faut alors se battre et Scarlette sera la première femme à pousser les portes de ce milieu. Mais une chose est sûre, c’est une évidence pour elle tant elle est passionnée par ce métier de marin-pêcheur, sa vie sera à bord d’un bateau de pêche.

Je n’ai pu embarquer que quand il y a eu une femme dans la Marine Nationale sur la Jeanne

Scarlette

Déterminée, voire un peu têtue, elle prend enfin la mer seule sur son petit bateau. Elle sera l’une des premières femmes à obtenir son brevet de marin pêcheur. Basée au Guilvinec, à bord de son bateau, quelques filets et quelques casiers, elle pratique une pêche artisanale, côtière et raisonnée. Elle vend ses poissons en direct sur les marchés et à la criée. Scarlette prend très tôt conscience de l’urgence à pratiquer une pêche raisonnée. Elle s’énerve un peu quand on lui dit que les pêcheurs vident les Océans «  Les petits marins-pêcheurs comme moi ne vident pas les océans. Vous savez on est souvent pêcheurs de père en fils alors il n'est pas question pour nous de ne rien laisser à nos enfants. Je crois plutôt que c’est la pêche industrielle, celle qui reçoit toutes les subventions, qui détruit le travail de régulation que s’évertue à faire les petits marins pêcheurs. »

Petit à petit, avec son caractère bien trempé, elle se fait une place et s’affirme dans le port du Guilvinec. Elle s’intègre parfaitement à ce monde toujours très masculin. Les pêcheurs lui font confiance, elle devient leur digne représentante au Comité local des pêches puis plus tard au Comité Régionale des pêches.

Scarlette Le Corre, marin-pêcheur et  algoculteur

Scarlette a su qu’il fallait diversifier ses activités alors quand les prix du poisson dans les années 90 ont chuté elle s’est lancé dans les algues, elle devient algoculteur . Au large du Guivinec, elle cultive le wakamé, très populaire au Japon, qui poussent sous l’eau dans des champs marins sur de grosses cordes. Et pour parfaire cette activité, à marée basse, quand les coefficients de marée le permettent, Scarlette va cueillir des algues de rives sauvages sur le littoral, une pratique très encadrée par la législation.  

Il existe dans le monde, océans et rivières, plus de 100 000 espèces d’algues différentes mais seules 145 d’entre elles sont consommées et uniquement 24 autorisées en France  

Et pour cette boulimique de travail, ça ne s’arrête pas là. Elle a créé au Guilvinec, un atelier de transformation, elle travaille dans son laboratoire les algues avant de les conditionner. Elle propose également, des ateliers de cuisine afin de faire découvrir au grand public tous les bienfaits de ces algues pour la santé.  

A l’aube de ses 70 ans, Scarlette aime toujours autant son métier de marin-pêcheur mais elle a conscience que c’est encore aujourd'hui un métier difficile d’accès pour les femmes, « ce qui prime c’est le mental » mais elle sait que pour une femme qui va en mer, il y a plus de contraintes que de satisfactions. 

Littoral, Scarlette Le Corre naturellement engagée à découvrir dimanche  20 mars à 12h55 (extrait) 

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