Du champ à l'Élysée : quand le palais présidentiel sélectionne près d'un millier d'agriculteurs

Ce jeudi, à deux jours de l'inauguration du Salon International de l'Agriculture (SIA) de Paris, Emmanuel Macron recevra à l'Élysée environ 1000 jeunes agriculteurs, triés sur le volet par les préfectures. Antoine Grannec, de Poullaouen dans le Finistère, sera parmi eux.

Comme pour la soirée avec un millier de maires en novembre reçus au palais présidentiel par le Président de la République, les préfets ont été priés par la présidence de choisir chacun une dizaine d'agriculteurs pour les inviter à cette "réception de la nouvelle génération agricole".

Une sélection selon cinq critères

Les préfecture avaient pour tâche de trouver des agriculteurs afin de répondre aux cinq critères du palais présidentiel:
- les heureux élu(e)s devaient avoir moins de 35 ans
- ils devaient s'être installés en 2017
- la parité hommes/femmes se devait d'être respectée
- les agriculteurs devaient être représentatifs du pluralisme syndical,
- et être le reflet de la diversité des filières. 

Pour l'Elysée, "cette génération Y de l'agriculture devra relever l'ambition de faire de la France le pays ou on mange le mieux, le plus sainement et le plus durablement".

Devant cet auditoire entreprenant, le chef de l'Etat aura à coeur jeudi de rassurer un monde agricole inquiet à la veille de la grande messe agricole du SIA qui ouvre ses portes ce samedi 24 février à Paris. Cette "opération communication" de l'Élysée intervient dans une période mouvementée.

Ce mercredi, des manifestations se déroulent aux quatre coins de l'Hexagone à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA) pour exprimer leurs inquiétudes sur la nouvelle carte des zones défavorisées. Cette cartographie déterminera ceux qui recevront les aides européennes au 1er janvier 2019 pour leur terres difficiles à exploiter.

De même, dans le cadre des négociations annuelles sur les prix, entre la grande distribution et ses fournisseurs, des manifestations hebdomadaires sont aussi organisées dans l'ouest et particulièrement en Bretagne pour faire pression sur la grande distribution.

Passer un message au Président

Parmi les éleveurs bretons retenus par l'Élysée, Antoine Grannec, éleveur de porcs à Poullaouen dans le Finistère. A 34 ans, il a repris début 2017 l'exploitation de ses parents, 260 truies d'un élevage naisseur / engraisseur (de la naissance des porcelets à l’engraissement des porcs charcutiers, ndlr). Il a, au préalable, travaillé des années en tant que technicien agricole et a réalisé un séjour professionnel au Québec.

Très surpris d'avoir reçu cette invitation, le jeune éleveur se réjouit d'aller à Paris jeudi, même s'il est conscient de la dimension symbolique de ce grand cocktail élyséen. Il espère cependant, profiter de l'occasion pour pouvoir, si possible, passer un message à Emmanuel Macron, lui expliquer les difficultés des agriculteurs nouvellement installés : "beaucoup de temps et de travail investis pour peu de retour sur investissement". Et des aides à l'installation, qui, malgré ce que l'on entend, sont insuffisantes : "pour mon exploitation, elles ne représentent que 0,8% de ses sommes investies".

Antoine Grannec souhaiterait également sensibiliser le chef de l'Etat au même titre que le consommateur sur le fait que la qualité française a un prix, et que l'étiquetage des produits étrangers devrait être renforcé. 

Le jeune entrepreneur se dit prêt d'ailleurs à ouvrir son exploitation et à recevoir Emmanuel Macron. Il espère bien l'inviter officiellement jeudi à Poullaouen.

En guise de préparation au Salon de l'agriculture de Paris, le Président de la République a décidé d'accueillir jeudi 22 février près de 1 000 jeunes agriculteurs "sélectionnés en amont" dans chacun des départements français. Rencontre avec lui d'entre eux à Poullaouen, dans le Finistère. / Intervenant : Antoine Grannec, éleveur de porcs
 

Des annonces au salon?

Lors de sa visite samedi au Salon de l'Agriculture, passage obligé pour les présidents de la République, Emmanuel Macron a prévu d'annoncer son plan pour le développement de la filière bio. Il pourrait également annoncer des mesures pour réduire l'utilisation des produits phytosanitaires.

Le gouvernement a également présenté fin janvier un projet de loi sur l'alimentation destiné à mieux rémunérer les producteurs agricoles dans leurs négociations avec les industriels et les distributeurs et à interdire à ces derniers la vente à perte et les promotions excessives sur les produits alimentaires. Des engagements que les GMS (Grandes et Moyennes Surfaces) auraient du mal à suivre selon le monde paysan.

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