Dans la conserverie Chancerelle de Douarnenez, les travailleurs en situation de handicap sont intégrés aux équipes et travaillent avec de vrais objectifs de production. Pour la semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées, zoom sur ces employés comme les autres.
Dans l'usine Chancerelle à Douarnenez (Finistère), les sardines défilent sur les tapis et des petites mains s'affairent à les mettre en boîte. Au premier regard, rien ne distingue les différentes lignes de production. Pourtant, sur l'une d'elle, huit travailleurs en situation de handicap y remplissent les boîtes. Depuis février 2021, ces usagers de l'association Kan Ar Mor ESAT (Etablissement et service d'aide pour le travail) ont appris le métier.
"Les postes et les cadences ont été adaptées, explique Sophie, monitrice d'atelier, avec 1.200 boîtes à l'heure contre 2.400 en moyenne. Leur production n'entre pas dans le comptage de la performance quotidienne de l'usine mais il y a cependant des objectifs de production."
C’est bien d’avoir un boulot car on est plus actif dans la vie. On est plus autonome.
Maxime, 30 ansTravailleur en situation de handicap
Les travailleurs en situation de handicap sont mis à disposition de l'entreprise mais ils ne sont pas salariés de la conserverie. Ils sont rémunérés à hauteur de 90% du SMIC par l'ESAT et l'Agence régionale de santé (ARS).
Ils travaillent 35 heures par semaine avec un rythme de travail et une cadence adaptée mais attention "ce n'est pas une occupation, précise Philippe Cloarec, directeur industriel de la maison Chancerelle. Nous attendons des résultats. C’est d’ailleurs une demande des personnes qui travaillent sur la ligne : elles sont là pour quelque chose. Elles viennent travailler pour produire des boîtes."
"On avait des craintes au début mais il faut se lancer. Allez y ! Ça vaut le coup !"
Philippe CloarecDirecteur industriel de la conserverie
18 mois après le début de l'expérimentation, le bilan est positif. "Les compétences sont là et il y a une intégration totale de ces salariés dans l'entreprise".
Le directeur note également une certaine fierté de la part de ses employés. Finalement, il encourage toutes les entreprises à se lancer dans l'aventure. "On avait des craintes au début mais il faut se lancer. Allez y ! Ça vaut le coup !"
Maxime, 30 ans, est en tout cas enchanté de travailler ici. "Au début, j’ai voulu découvrir un nouveau métier et ça m’a bien plu." Il a même ses missions favorites : "J’aime bien aller au contrôle pour rectifier les boites trop lourdes ou trop légères." Son rêve ? Avoir une place ici comme salarié. "C’est bien d’avoir un boulot car on est plus actif dans la vie. On est plus autonomes."
Il se sent intégré aux équipes. "Les salariés viennent souvent nous voir. On se parle, on se donne des conseils. Ça c’est bien !"
Renouvellement du partenariat
L'intégration à part entière dans une entreprise et une équipe, c'est l'objectif de l'association. "Ils ont un épanouissement dans le travail car ils sont avec les autres. Ils ont les mêmes horaires de travail et de vraies responsabilités." Résultat ? "Certains se sentent plus à l’aise dans leurs vies sociales. Ils disent : 'on travaille chez Chancerelle' et plus 'on travaille à l’ESAT'."
Le partenariat sera reconduit en 2023 entre l'association et l'entreprise. L'ESAT Kan Ar Mor de Douarnenez accompagne 90 personnes reconnues travailleurs handicapées avec l'encadrement d'une vingtaine de salariés.