Connu pour ses portraits de célébrités, Stéphane Lavoué poursuit sa collaboration avec le Port-musée de Douarnenez. A l'issue de plusieurs mois de résidence, le photographe présente l'exposition Gant(t). Ses clichés d'ouvriers du port ressemblent à de véritables tableaux.
Connu pour ses portraits des grands de ce monde publiés dans la presse nationale et internationale, le photographe Stéphane Lavoué a fait escale à Douarnenez l'année dernière, invité par le Centre des arts. Une résidence d'artiste qui donne lieu aujourd'hui à une exposition au port-musée de Douarnenez et vient enrichir le travail mené sur le littoral breton, regroupé au sein de "War an hent" [Sur le chemin, en breton, NDLR]. Durant plusieurs mois, Stéphane Lavoué a improvisé un studio photo tantôt dans la salle de pause d'une usine, tantôt sur le quai du port de Douarnenez.
Dans une ville qu'il ne connaissait pas, l'artiste s'est laissé guider par le hasard des rencontres. "J’ai trouvé une ville travailleuse, une ville ouvrière et accueillante, sur un site phénoménal" raconte-t-il. "J’avais envie d’une atmosphère un peu cotonneuse, un monde clos qui tourne un peu sur lui-même, avec des bribes du passé qui s’insèrent dans des paysages du présent" dit-il.
Quand j’étais ingénieur, j’ai travaillé en usine et j’ai beaucoup d’admiration pour ces gens qui sont à la chaîne, qui découpent des sardines, des thons, qui construisent des bateaux en bois à la main. C’est ce que j’ai essayé de montrer dans cette exposition.
Le titre Gant(t) fait à la fois référence aux gants du labeur, à la préposition bretonne qui signifie « avec » et à un diagramme de planification des tâches dans le monde du travail.
Le labeur en lumière
Le photographe assume pleinement son interventionnisme dans le choix des poses. Le temps d'une séance photo, il a demandé à des anonymes de poser pour lui, abandonnant quelques instants leur poste de travail mais pas leur uniforme.
"Ce sont des gens qui ne sont pas habitués à cette relation avec le photographe, cette relation particulière du portrait où je décide où je les mets et je leur fais des propositions de positionnement, d’attitude physique et je vois de quelle manière ils réagissent à ces propositions. Ce face-à-face est inédit pour eux et c’est ce qui m’intéresse."
Face à ces photos, on a parfois l'impression de se retrouver devant des peintures. "J’aime beaucoup ces lumières du nord, celles des peintres flamands. Des lumières douces, diffuses, filtrées que j’essaie de retrouver souvent dans mes images."
En revanche, pas question d'intervenir avec des lumières artificielles. "Je travaille uniquement avec la lumière disponible. La lumière d’une fenêtre, d’une ampoule ou les deux mélangées. Je recherche une complexité, un rendu un peu étrange. Je pense pas mal de temps à essayer de renifler cette lumière, dans les recoins, derrière les rideaux. Je change de studio tous les jours, c’est chouette. Et la lumière raconte l’histoire du lieu à sa manière aussi."
Et ce lieu, c'est Douarnenez, qui se raconte, par ses habitants jusqu'à l'automne au Port-musée de Douarnenez.
Et aussi à Rennes, aux Champs-Libres
Stéphane Lavoué expose également aux Champs-Libres, à Rennes, une série de photographies réalisées en Bretagne. "Western", c'est le titre de cette exposition installée aux Champs-Libres jusqu'au 7 novembre, se visite au fil de plusieurs chapitres. L'Equipage, galerie de portraits sonores d'habitués d'un bistrot de Penmarc'h ; Les Mois Noirs, un portrait du Pays Bigouden, ses habitants et ses paysages, ses travailleurs de la pêche et sa jeunesse ; et Les Enchanteurs, série inédite réalisée pour l'occasion, qui part sur les traces de l'Ankou à travers les Monts d'Arrée.
A l'issue de cette exposition, 35 clichés de Stéphane Lavoué seront acquis par le Musée de Bretagne.