Aux Vieilles Charrues, Beth Dito, icône lesbienne et féministe, soulève une tornade queer

Beth Ditto, chanteuse du groupe Gossip, a enflammé la scène des Vieilles Charrues lors d'un concert électrisant. Figure emblématique de la communauté LGBTQ+, l'artiste a mêlé engagement et performance musicale, brandissant un drapeau breton aux couleurs arc-en-ciel.

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"C'est quoi ?" demande la chanteuse sur scène, "un drapeau breton aux couleurs LGBT" répond une fan du premier rang: le groupe américain Gossip a fait souffler une bourrasque queer au festival des Vieilles Charrues.

Après avoir fait passer son micro dans le public pour obtenir cette réponse, Beth Ditto s'est saisie de cet étendard, tout en hermines et arc-en-ciel, qui a donc flotté dans la nuit de jeudi à vendredi sur la grande scène de ce festival breton (346.000 festivaliers au total en 2023).

Puis la chanteuse a repris le fil du concert, un brin décousu mais emballant, dans un bel esprit punk.

Depuis "Standing in the way of control", morceau-titre de l'album de 2006, ode aux différences en général et pro-mariage gay en particulier, Beth Ditto, 43 ans, est une icône queer, lesbienne et féministe.

Son passage aux Vieilles Charrues, dans le cadre d'une tournée mondiale, était plus qu'attendu. Cette année marque le retour discographique de Gossip, après 12 ans d'absence, avec l'album "Real power", titre-clin d'oeil à "Raw power" des Stooges, groupe d'Iggy Pop (1973).

"J'aime les gens. C'est mon truc. Et j'aime écouter leurs histoires", expliquait l'artiste à l'AFP quelques heures avant le show.

"Cela ressemble à une blague"

L'humanisme qui traverse ses textes est toujours escorté par résilience et revendication. "Pour moi, il s'agit toujours d'exprimer l'idée que nous sommes plus nombreux qu'eux", assène-t-elle. Eux, ce sont les figures du patriarcat et des classes dominantes. "Or, il y a plus de pauvres dans le monde que de puissants".

En parlant de puissants, le choix des élections américaines entre Joe Biden et Donald Trump la consterne.

"C'est le mieux qu'on puisse faire ? Cela ressemble à une blague". "Je n'arrive pas à croire à l'ego de quelqu'un comme Joe Biden, qui ne se retire pas (après des semaines d'interrogations sur son état de santé, à 81 ans, NDLR), mais, à ce stade, bien sûr, je voterai pour lui parce que c'est ma seule option", conclut-elle.

Bête de scène, Beth Ditto déboule à Carhaix (Bretagne) coupe de champagne à la main, body noir à épaulettes bouffantes, cheveux teinte orange et contour des yeux gothique.

"Je ne suis jamais allée à l'université, j'ai à peine obtenu mon diplôme d'études secondaires, mais je connais beaucoup de choses sur l'eye-liner", a-t-elle plaisanté face à l'AFP.

La prestation, plus tard dans la nuit, de Sam Smith, artiste londonien non-binaire et autre figure de la scène queer, fut plus convenue, sans aspérité ni bifurcation.

"L'homme à la moto"

En concert, la chanteuse de Gossip se permet tout. Comme quand elle reprend a cappella, vitesse grand V, "L'homme à la moto" d'Edith Piaf en français.

Le guitariste Nathan Howdeshell, architecte du son du groupe, attend que ça se passe, sourire aux lèvres. "Nathan et moi sommes très proches. Même quand le groupe a rompu -- enfin, on était sur pause sans vraiment le formuler --, il n'y a eu aucune casse" décrit la chanteuse.

Les deux artistes se connaissent depuis 30 ans et leur adolescence dans un coin perdu de l'Arkansas. Lui fils d'un fermier -- dont il a d'ailleurs repris l'exploitation pendant la parenthèse de Gossip --, elle issue d'une famille nombreuse, élevée dans un mobile-home par une mère célibataire.

Des origines modestes toujours dans un coin de la tête de Beth Ditto, en dépit du goût pour les projecteurs de celle qui a notamment défilé pour le créateur Jean Paul Gaultier en 2011.

"Il faut toujours être en contact avec la réalité, garder l'idée que vous devrez peut-être retourner au travail. C'est pour ça que je n'ai pas beaucoup de tatouages", glisse la chanteuse en montrant ses avant-bras épargnés par l'encre, contrairement à ses épaules.

"Bon, personne ne me laisserait travailler dans une banque: quand je faisais des petits jobs dans la restauration, les comptes de mon tiroir-caisse étaient toujours faux, j'étais tête en l'air"

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