Seuls "10 à 20%" des enregistrements audio reçus par les garde-côtes britanniques le jour du naufrage du Bugaled Breizh, sont encore disponibles, a expliqué jeudi un de leurs responsables devant la justice britannique. Qui ont confirmé la présence de trois sous-marins sur la zone.
"Nous avons un nombre limité d'enregistrements", a indiqué devant la Haute Cour de Londres James Instance, le responsable du centre de coordination et de sauvetage des garde-côtes à Falmouth, en Cornouailles (sud-ouest de l'Angleterre), qui avait été impliqué dans les opérations de secours.
Il ne reste que "10 à 20%" des enregistrements - appels radio ou téléphoniques -, a-t-il précisé, sans pouvoir dire si cela concernait la totalité des communications relatives au naufrage, ou celles qui avaient été conservées par la suite pour les besoins de l'enquête. Certains d'entre eux avaient toutefois été retranscrits, a-t-il souligné.
M. Instance a évoqué notamment des problèmes techniques d'accès à ces documents sonores, les CDRom sur lesquels ils ont été conservés étant illisibles.
Mais à la question de savoir si certains de ces enregistrements avaient été écartés pour des raisons de sécurité nationale, il a répondu: "non, rien du tout".
La situation serait différente aujourd'hui, a assuré le témoin, qui n'était pas en fonction au centre de Falmouth au moment du drame: "tout est numérisé (...) et conservé pendant 20 ans".
Trois sous-marins sur la zone, mais pas de britannique
Près de 18 ans après la tragédie, les familles des victimes ont l'espoir de comprendre ce qui est arrivé, lors de trois semaines d'audiences qui ont débuté lundi devant la Haute Cour de Londres.
L'objectif de la procédure au Royaume-Uni est d'éclaircir les causes des décès, inexpliquées, sans toutefois prononcer de condamnations.
Cette procédure, ouverte en raison des deux corps repêchés dans les eaux britanniques, avait été suspendue le temps pour la justice française de terminer sa propre enquête.
Au terme d'une longue procédure clôturée en 2016, celle-ci n'avait pu trancher entre l'hypothèse d'un sous-marin et celle d'un accident de pêche.
Depuis le début, les familles estiment que le chalutier a coulé après avoir été accroché par un sous-marin militaire: il se trouvait dans une zone où se déroulaient des exercices militaires de l'Otan et de la Royal Navy. Elles regrettent que le secret-défense leur ait toujours été opposé.
Selon le juge Nigel Lickley, trois sous-marins y opéraient au moment du naufrage: le sous-marin néerlandais Dolfijn, remonté en surface et le plus proche lors du premier appel de détresse à 12H25, l'allemand U22, également en surface, et un britannique.
A l'audience, l'enregistrement d'un sous-marin néerlandais proposant de prêter assistance au Bugaled Breizh a été diffusé, et un responsable de la marine néerlandaise doit témoigner lundi par visioconférence.
Le ministère britannique de la Défense et la Royal Navy ont démenti toute implication d'un sous-marin britannique.