Lorsqu'Henri Serin, représentant en parapluies, entre en 1975 dans Pont-Aven, la cité du Finistère est avant tout celle des peintres. Bien sûr, elle le restera. Mais entretemps, l'acteur Jean-Pierre Marielle lui aura donné un rôle dans un des films cultes de l'acteur décédé ce mercredi.
L'acteur Jean-Pierre Marielle nous a quitté à l'âge de 87 ans. Grand comédien de théâtre, mais aussi de cinéma avec des films comme Le diable par la queue de Claude Sautet (1969), Bouvard et Pécuchet (1989) ou La valise de Georges Lautner en 1973.
L'année suivante, la carrière de ce copain de conservatoire de Jean-Paul Belmondo est lancée. Jean-Pierre Marielle incarne le Français moyen, un peu beau, qui va lui coller à la peau tout au long de sa longue carrière.
Henri Serin fait étape dans la petite cité de caractère qu'est Pont-Aven. Dans Les galettes de Pont-Aven, qui sort en 1975, on le verra plus souvent s'ébahir sur les formes arrondies de Marie que sur les toiles de Gauguin.
Pourtant, c'est bien sa passion pour la peinture qui va pousser ce tranquille représentant de commerce à tout laisser tomber et faire une étape prolongée dans la cité des peintres.
Ce cul, ce cul, ce cul…
C'est également le charme de Marie, incarnée par Jeanne Goupil, qui va le faire sortir de ses égarements et lui redonner l'inspiration.
Les galettes de Pont-Aven, c'est surtout une scène devenue culte, qui persiste dans l'histoire du cinéma, où Jean-Pierre Marielle reste béat devant "ce cul, ce cul, j'ai jamais rien vu d'aussi beau" de Marie, l'employée de l'hôtel.
Suite à cette scène de cul…te, il s'emploiera alors à reproduire cette anatomie dans ses peintures, réalisées d'ailleurs pour les besoins du film par jeanne Goupil elle-même.
"Vous voyez, je ne quitte pas la Bretagne" dit jean-Pierre Marielle à Pierre Tchernia à la sortie du film. Le journaliste confie alors son amour "pour cette région que je fréquente beaucoup", sa femme étant originaire de Nevez.
"La Bretagne est admirablement évoquée dans le film, c'est très beau" lui répond Jean-Pierre Marielle, "et une grande partie du film se tourne sur la lande, au bord de la mer, dans Pont-Aven et tous les petits pays autour."
C'était des personnages pitoyables
"C'était médiocre, comique, pathétique, français moyen, la vie quoi" confie jean-Pierre Marielle, en avril 2000, à Judith Perrignon pour un portrait dans Libération.
Il évoque alors ces rôles de français moyen qu'il incarnait dans la plupart des comédies tournées dans les années 70, avec des Jean Carmet, jean Rochefort, Mireille Darc ou Michel Constantin.
"J'ai fait plein de films à une époque où on donnait moins d'importance culturelle au cinéma. On faisait des films pour améliorer l'ordinaire" dit-il en évoquant ce cinéma ou les "nanards" s'enchainent pour les acteurs. "Je ne lisais des fois pas le scénario, je me disais : "Je vais me balader, je vais me faire un peu d'argent. Y en a que je n'ai jamais vu, y en a que j'ai vu et dont je me serais bien passé, même récemment."
Les galettes de Pont-aven, un film nanarvangardiste ?
Les galettes de Pont-Aven fait-il partie de ces nanards ? Le film, interdit aux moins de 16 ans à sa sortie, a touché le public par son lyrisme, sa fraîcheur, mais aussi par le côté profondément humain, un peu paumé, de son personnage principal.
Lorsque le réalisateur Joel Séria revient dans le Finistère pour fêter les 40 ans du film, il confie que "des jeunes aujourd'hui viennent me voir et me disent c'est incroyable que des films aient pu être produits à l'époque, parce que maintenant on aurait beaucoup de mal."
"Je crois que cette envolée lyrique du personnage principal sur le corps d'une femme, ce sont des choses que les hommes pensent tout bas mais n'expriment pas, ou au contraire le font dans l'intimitée" explique Joel Séria. "Mais au cinéma ça ne s'était pas vu" poursuit-il pour expliquer le million d'entrées et le statut de film culte.
Reportage : M. Herry / Y. Sohier
Bref, le film avait de sacrés arguments.