Congé menstruel : "aïe, ça fait mal, ce truc", grâce à un simulateur, ce député découvre les règles douloureuses

Ce 27 mars 2024, l'Assemblée nationale doit débattre de la proposition de loi sur la création d'un congé menstruel. Pour que les députés sachent de quoi il retourne, Sébastien Peytavie, l'auteur du texte, leur a fait tester un simulateur de règles. Erwan Balanant, le député du Finistère, s'est prêté au "jeu" et livre ses impressions.

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"C'est très chiant et c'est extrêmement difficile de se concentrer à certains instants". Le député du Finistère Erwan Balanant a accepté de se mettre dans la peau d'une femme quelques minutes en installant sur son ventre deux petites électrodes qui simulent les douleurs de règles

 "Aïe, bordel,  ça fait mal ce truc !"

"Je trouve que c'est normal de le faire, explique l'élu. Nous, contrairement aux femmes, on savait qu'on allait choisir le moment où on allait avoir mal et surtout, on savait que ça n'allait pas durer."

Ça permet au mâle blanc de se rendre compte de ce que c'est !

Erwan Balanant

Député du Finistère

Le député reconnaît qu'il est à la fois dur au mal et douillet et qu'il avait donc "un peu les pétoches" en entrant dans le bureau de son collègue à l'Assemblée nationale.

Les différents députés qui ont accepté l'exercice devaient lire "l'exposé des motifs" de la loi. "En France, 15,5 millions de personnes sont menstruées, avec en moyenne 38 années de menstruation." Des "aïe", des "bordel", des "ça fait mal ce truc" et des grimaces ponctuent leur lecture. 

"Ça permet au mâle blanc de se rendre compte de ce que c'est" sourit le député du Finistère. 

"Ce que je sais et ce que j'ai vu, c'est la difficulté de se concentrer quand il y a une douleur qui monte, témoigne Erwan Balanant. Je suis conscient que ce n'était pas la réalité, je n'avais "que" les douleurs au ventre, pas les maux de tête, les problèmes inflammatoires." 

Un arrêt menstruel de 13 jours par an

Le député écologiste Sébastien Peytavie propose la création d'un arrêt menstruel de 13 jours par an qui pourrait être accordé par les médecins, les médecins du travail et les sages-femmes.  

Gaëlle Baldassari, fondatrice de Kiffe ton cycle, a été auditionnée par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale sur la proposition de loi. "Je croise les doigts pour que ça passe" déclare-t-elle.

C'est la fin du bricolage

Gaëlle Baldassari

Fondatrice de "Kiffe ton cycle"

"Cela permettrait aux femmes qui souffrent de règles douloureuses de pouvoir s'arrêter sans avoir à poser des jours de RTT ou des jours de congé et sans avoir à retourner sans cesse voir leur médecin, se félicite-t-elle. C'est la fin du bricolage, quelque chose d'essentiel".

Des menstruations "incapacitantes"

Sébastien Peytavie prévoit ce dispositif pour les femmes qui souffrent de règles incapacitantes. Gaëlle Baldassari insiste sur le mot. "Incapacitante, cela signifie que l'on n'est pas en état de travailler, relève-t-elle. Et cela englobe les règles douloureuses, mais aussi les fatigues extrêmes liées aux règles."

Elle rappelle qu'il est sans doute plus efficace pour les entreprises d'avoir une salariée qui s'arrête un seul jour lorsqu'elle ne peut pas travailler que d'avoir quelqu'un qui tire sur sa santé alors qu'elle n'est pas en état. 

À LIRE : Vidéo. À Rennes une coopérative teste le congé menstruel pour ses salariées

Effet boomerang ?

Sensibilisé, c'est le mot, par les électrodes, Erwan Balanant se dit favorable à ce que l'Assemblée nationale s'occupe de la question, "cela met en lumière un sujet un peu en angle mort", mais s'interroge sur son vote de la loi. "J'ai peur du retour de bâton des phallocrates, justifie-t-il, des discours du type, nous sommes obligés de vous faire une loi pour que vous n'ayez pas trop mal, c'est bien la preuve que vous n'êtes pas nos égales !"

"La proposition de loi n'est pas parfaite, concède Gaëlle Baldassari, j'aurais aimé qu'elle aille plus loin, l'arrêt menstruel ne concerne pour l'instant que les salariées, pas les professions libérales... Mais on avance" dit-elle. 

Le texte doit être débattu ce mercredi 27 mars 2024 en commission puis le 4 avril devant l'Assemblée nationale. 

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