En cas de règles douloureuses, les collaboratrices de "Comme un établi" peuvent bénéficier d'un jour de repos par mois sans perte de salaire. Un dispositif à l'essai pendant un an qui reste une exception en France et en Bretagne.
Depuis novembre 2022, dans cet atelier d'artisanat partagé au nord de Rennes, le congé menstruel est une réalité. Sur les cinq salarié(e)s que compte "Comme un établi", trois femmes peuvent désormais s'absenter en cas de douleurs au début de leurs règles. Sans perte de revenu.
Concrètement, aucune autorisation n'est à demander, aucun certificat médical exigé. Les employées doivent prévenir la veille ou le jour même de leur absence la coopérative. Celles qui en ont la force peuvent télétravailler. Si la souffrance est trop forte, c'est repos. Pendant un ou deux jours.
L'initiative a été mûrement réfléchie, discutée et finalement adoptée à l'unanimité par la Société coopérative d'intérêt collectif.
Je ne l'ai pas encore utilisée mais c'est rassurant d'avoir cette possibilité. Cela brise le tabou des règles
Awen, salariée en contrat d'alternance
Les règles, c'est un sujet de discussion dans ce hangar de 1200 m2 où l'on mutualise machines et outils entre artisan(e)s. L'idée du congé menstruel est venue des deux cofondateurs de la coopérative, qui souhaitaient prendre en compte une réalité toute féminine.
Car ce congé est une reconnaissance concrète des fortes douleurs que peuvent entraîner les menstruations. Des douleurs parfois difficilement supportables notamment pour les femmes qui souffrent d'endométriose. Selon une étude de l'IFOP publiée en 2021, près d'une femme sur deux connaît des règles douloureuses.
Douze jours par an
Le dispositif prévoit douze jours de congé supplémentaires pour chaque salariée.
Pour Edvin, le gérant de l'atelier, " le côté familial et flexible de la coopérative permet de tester des dispositifs comme celui-là. L'expérimentation doit durer un an. Après on verra si on modifie, si on poursuit".
En France, le congé menstruel n'est pas inscrit dans la loi. Chaque entreprise est libre d'instaurer ce dispositif si elle le souhaite.
Pour l'heure, les rares sociétés à avoir sauté le pas font figure de pionnières. Radio Kerné, installée dans le Finistère à Plonéis a été la première structure associative bretonne à instaurer le repos menstruel en 2022.
(Avec Myriam Thiebaud)
