"Difenn", cela veut dire "défendre" en breton. C'est aussi le nom d'une association basée à Quimper, l'une des seules de la région à proposer des cours d'autodéfense féministe, une manière de prévenir les violences verbales et physiques.
"Une arme d'émancipation massive." Cette phrase vient de l'une des élèves de Cécile, formatrice pour l'association Difenn à Quimper. Depuis un an et demi, la jeune femme de 32 ans anime des cours d'autodéfense féministe, sur toute la région Bretagne.
"Non, c'est non"
L'autodéfense féministe permet de prendre en compte toutes les violences faites aux femmes, qu'elles soient verbales, psychologiques, physiques et même économiques. Cécile s'est formée auprès de l'association belge Garance. Depuis, elle propose des stages le temps d'un week-end ou lors d'une séance d'initiation de trois heures, en groupe (une douzaine de personnes maximum).
L'autodéfense féministe, c'est quelque chose de simple à appliquer et dont personne n'a connaissance.
L'autodéfense féministe utilise des techniques utilisables au quotidien, basées sur la communication non violente. Toutes les femmes sont concernées, peu importe l'âge, la morphologie.
L'objectif ? Ne pas laisser empirer une situation, pouvoir se mettre en sécurité le plus vite possible en évitant "de devenir une machine de combat physique ou rhétorique." Des techniques d'arts martiaux sont également enseignées pendant les ateliers, des gestes adaptés à chacune, qui visent les points vulnérables de l'agresseur. "Des gestes applicables dans la vraie vie."
Le non tout seul n'est pas légitime. Il faut faire changer la situation, reprendre le pouvoir, ne pas être dans l'argumentation comme le font souvent les femmes.
Contrairement à ce que l'on peut penser, les violences viennent souvent de personnes proches, dans un cercle intime et pas seulement du dehors. Cécile continue de se former une fois par an, toujours en Belgique. Au Printemps, elle va apprendre à enseigner à des jeunes filles entre 8 et 18 ans. Les festivals confrontés aux violences sexuelles commencent aussi à faire appel à ses services comme le festival Vision à Brest.
Ce qui me porte c'est de rendre cette technique accessible.
Le stage "n'est pas une partie de plaisir" rappelle Cécile. "La plupart de celles qui viennent ont déjà vécu des violences." Pas question de laisser une caméra entrer pendant une formation, toujours pour préserver les participantes, qui ne disent "jamais pourquoi elles sont là."
L'autodéfense féministe, un outil pour éviter les violences, en amont
Selon le site égalité hommes-femmes, un tiers des femmes subiront des violences physiques ou sexuelles au moins une fois dans leur vie. En France, la prise en charge des victimes de violences a souvent lieu après les faits. L'autodéfense féministe incarne un outil en amont. "On vient toujours après les violences. Ça doit exister bien sûr. Le mieux c'est de tout faire pour les éviter." souligne Cécile. Se sentir plus forte, ne plus se voir comme une victime, les enjeux sont importants.
En savoir plus sur Difenn
Difenn, association basée à Quimper propose des discussions dans les écoles et les lycées, sur les stéréotypes de genre, sur le thème du consentement, du harcèlement et du sexisme.L'autodéfense féministe est proposée pendant des week-ends. Sur deux jours, il faut compter 90 euros, 50 euros en tarif réduit. Cécile voudrait qu'à terme toutes "les femmes puissent y accéder" sans contrainte financière.